Sur « L’Éveil de l’Arménie » – Sacha Sirmen – France Arménie

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Un article sur L’Éveil de l’Arménie qui écrit par Sacha Sirmen a été publié en février 2022 par France Arménie.

1840 – 1880 : période d’avant le Génocide. Cet éveil, dans les années 1840 à Constantinople, c’est la renaissance d’une nation. Intellectuels, notables, journalistes s’en préoccupent. On trouvera tout un chapitre consacré à Chouchi. La Question arménienne prend naissance. 1840 – 1880 : période d’avant le Génocide. 

L’éveil de l’Arménie, est le cinquième titre de l’auteur sur l’Histoire des Arméniens. Selon Gérard Dédéyan, préfacier de l’ouvrage : « Les descendants des Arméniens occidentaux récupèrent ainsi, grâce à ce livre passionnant, rédigé par un historien confirmé, une histoire du 19e siècle arménien qui leur restitue la dernière strate de leur socle identitaire, masquée en raison de diverses circonstances, et appelée à éclairer leur cheminement présent et a venir. »  L’Éveil de l’Arménie présente le projet d’un royaume arménien avec Léon de Korikosz, prince de Lusignan, soutenu par Napoléon III. Une époque où l’on publie à Paris les armoiries d’un royaume arménien (1860), et la lithographie L’Arménie sur ses ruines de Frédéric Sorrieu, plus connue sous le nom Mayr Hayasdan (1861). Abandonnée à la chute de Napoléon III, l’idée est reprise par Khorène Narbey, soutenue par la Russie. Narbey est à l’origine de l’article 16 du traité de San Stéfano. C’est à sa demande que les Russes imposent à Bismarck de mentionner le devenir des Arméniens à Berlin. Cet ouvrage clarifie le testament de Samuel Moorat d’un montant de plus de 600 millions d’euros actuels. Il ne s’agit pas d’un don fait aux Mekhitaristes, mais d’un capital mis à leur disposition pour éduquer les enfants pauvres et orphelins. Aussi, les Arméniens doivent s’interroger sur le sort réservé à ce legs. Jamgocyan réhabilite la mémoire des pères Sarkis Théodorian, Gabriel Aïvazovski, des frères Ambroise et Khorène Narbey Kalfayan. Ces prêtres s’opposent aux intrigues du Vatican et combattent l’archevêque catholique Hassoun – un indicateur de la police turque. Ils refusent de signer la profession de foi du 30 juin 1853 où les Mekhitaristes accusent l’Église d’Arménie d’être schismatique et « éloignée du Christ », le point de départ de l’encyclique Neminem Vestrum de février 1854 de Pie IX. L’auteur réhabilite aussi Déroyents, fondateur du journal Hayasdan de Constantinople (1846-1852), traducteur du Contrat Social de Rousseau, des Pensées de Pascal. Il trouve des détails inconnus sur L’Aigle de Vaspouragan de Khrimian et L’Aiglon du Taron de Karékin Servandiants. Une surprise : affecté par la dernière guerre du Karabagh, Jamgocyan s’intéresse à Chouchi, « la Perle du Karabagh », et déplore « le silence du monde libre, les armes fournies à l’Azerbaïdjan, les mensonges du gouvernement arménien et son stupide entêtement à laisser croire à une victoire alors que nos jeunes mouraient par milliers ». La présence arménienne est ici antérieure à celle des Azéris, arrivés en 1752 pour bâtir la forteresse à la demande d’un des méliks en conflit avec les autres princes du Karabagh. Chouchi compte en 1859 quatre églises, vingt-six curés, un monastère pour moniales dirigé par mère Hripsimé Balladur. Les maisons sont de plain-pied, de deux ou de trois étages. Les Turcs habitent à l’intérieur de la forteresse et les Arméniens à l’extérieur, dans quatre quartiers distincts. Il note « très peu de jeunes ayant dépassé les quinze ans à Chouchi, car ils partent tous travailler et se former au négoce ». Une remarque inattendue : « La mode et les habits de Paris ne sont pas encore en vogue dans la région, même si on en montre quelques-uns du doigt, car les femmes sont plus prudes et plus modestes par leur habillement et leur comportement ». « Chouchi est le cœur du Karabagh », conclut le séminariste de Varaq, « le siège du gouvernement, des princes de la nation, des juges, de l’armée et des dignitaires ». En 1859, Chouchi compte cinq écoles et 275 élèves. La première imprimerie, fondée en 1822 par Mgr. Baghdassar, réédite en 1833 la Grammaire de la langue arménienne de Mickael Tchamtchian de 1779. En 1881, les Artsakhiotes traduisent les contes d’Alphonse Daudet, les Mémoires d’un précepteur poznanien, d’Henryk Sienkiewiez, premier prix Nobel de littérature (1905) et L’homme a l’étui d’Anton Tchekhov (1904). Gérard Dédéyan souligne l’importance de l’ouvrage, lorsqu’il écrit : « Avec une remarquable objectivité historique, Onnik Jamgocyan décrit le Karabagh comme une région multiethnique, ou les Arméniens vivent depuis des siècles, représentant le plus grand nombre et constituant la majorité de la population. »

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