Sainte Sophie : Entretien Etienne Copeaux par Alican Tayla

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Reconversion de la Basilique Sainte-Sophie en mosquée par le président turc Recep Tayyip Erdogan : quelles perspectives historiques ? Que symbolise Sainte-Sophie pour les différentes factions politiques turques ? Pour le site 1+1 Forum, Alican Tayla a interrogé Etienne Copeaux, historien, spécialiste du nationalisme turc. Alors que ce vendredi 24 juillet Erdogan inaugure la « nouvelle » mosquée par une prière ultra-médiatisée, nous vous proposons ici cet entretien en français.

Lien de l’entretien en turc : Fetih’in “kurucu olay” olarak kutsanması

Alican Tayla : Le président Erdogan a annoncé que le 24 juillet, date anniversaire du Traité de Lausanne, il ira faire la prière du vendredi à Sainte-Sophie. Que vous inspire la reconversion de Sainte-Sophie en mosquée alors que la basilique avait un statut de musée depuis 1934 ?

Etienne Copeaux : L’ampleur de la réaction des médias occidentaux est étonnante. Au moins Erdogan a eu le « mérite » de faire parler de la Turquie. Avant lui, le pays restait une sorte d’ami désagréable et bizarre, auquel on pardonnait tout, grâce à son ‘image inaltérable d’ « unique pays laïque du monde musulman ». Ce long désintérêt des médias fait que maintenant pour eux tout est nouveau, par conséquent Erdogan leur semble constituer une rupture. Ce qui est nouveau, c’est l’ampleur de la répression. Mais Erdogan est plutôt le produit d’une idéologie déjà ancienne, plutôt qu’une rupture. A mon avis il est utile de s’intéresser aux éléments de continuité.

Je n’ai vu nulle analyse prenant en compte le passé de la controverse sur Sainte-Sophie, aussi bien dans le temps court (jusqu’au années 1950) que le temps long (la valeur sacralisée de la basilique pour les musulmans). La perspective des médias remonte péniblement à Atatürk, mais un Atatürk idéalisé, perçu comme le héros/héraut de la laïcité, dont la transformation de Sainte-Sophie en musée serait le symbole. Mais personne ne voit que c’est un hochet qui a masqué (et continue de masquer efficacement) le nettoyage ethno-religieux opéré en Turquie avant, pendant et après la gouvernance d’Atatürk.

Sainte-Sophie a été une mosquée pendant 500 ans, elle le redevient. Et alors ? Si on peut continuer de la visiter (comme n’importe quelle mosquée en Turquie), si les mosaïques ne sont pas enlevées, dégradées ou masquées, je ne vois pas le problème. Je trouve que la réaction très vive du monde occidental procède du même état d’esprit que l’époque qui a vu la création des instituts d’archéologie étrangers à Istanbul (français allemand, hollandais, suédois…). Il s’agissait de veiller sur « notre héritage » gréco-romain en Orient. De même, les réactions actuelles à propos de Sainte-Sophie ne signifient-elles pas « Ceci est à nous » ?

Le problème en fait ne se situe pas sur le plan religieux. Islam et christianisme ont des bases communes, Jésus et Marie sont révérés dans le Coran et dans de nombreux textes religieux de l’islam. Le problème est que Sainte-Sophie est un enjeu, un point de focalisation du nationalisme turc – en même temps que du nationalisme grec. Du côté turc, toutes les manifestations et revendications pour la restitution du bâtiment au culte musulman, depuis 1953, sont le fait d’organisations national-islamistes.

AT : Pourquoi prendre une telle mesure aujourd’hui ? Est-ce une tentative de fermer une page républicaine ou simplement d’abattre un symbole de laïcité ?

EC : S’il est vrai que la revendication est ancienne, Erdogan a choisi le moment, et paradoxalement il ne le fait pas au sommet de sa puissance et de sa popularité, au contraire. Il avait sans doute besoin d’un acte éclatant, qui ne passerait pas inaperçu dans le monde, et surtout qui serait perçu favorablement dans le pays, par la frange national-islamiste, voire simplement pieuse, de la population. Abattre un symbole de la laïcité ? Il est vrai que ce mot n’est ni compris ni aimé par une partie du public populaire turc. Or, là encore, pour cette population-là, où est le problème ? Ces gens vivent dans un pays « à 99% musulman » et ils en sont fiers, on leur a construit une multitude de mosquées (et ça ne date pas d’Erdogan !), ils ne se posent plus tellement la question de savoir pourquoi il n’y a plus que des musulmans dans ce pays alors qu’il y a des églises abandonnées un peu partout : on a effacé l’histoire pour eux, et c’est Atatürk qui a commencé !

Je pense que pour Erdogan, c’est une manœuvre de propagande qui ne lui coûte rien. Il avait de toute façon déjà perdu la sympathie de l’Occident à cause de la politique vis-à-vis des Kurdes, de la Syrie et maintenant de la Libye, il se permet un acte qui est perçu, en Occident (mais par l’intelligentsia turque aussi, voir les propos d’Aslı Erdogan dans Le Monde du 17 juillet), comme une provocation, un « abandon de la laïcité ». Or la laïcité n’a jamais existé, j’en ai fourni de nombreuses preuves dans mes travaux depuis trente ans. D’ailleurs comment la laïcité pourrait-elle exister après l’élimination de presque toute la population non-musulmane ? Pour qu’elle existe, il faudrait pour commencer établir une égalité totale entre les musulmans sunnites et les Alévis…

Aussi l’affaire de Ste Sophie est pour moi sans intérêt. Ce qui est intéressant, ce sont les réactions…

AT : Que symbolise Sainte-Sophie pour les différentes factions en Turquie comme les nationalistes, les islamistes et les kémalistes ulusalci ?

EC : Il faut distinguer plusieurs strates.

Sur le plan religieux, cela commence par la fameuse prière prononcée par le Fatih après la prise de ville, dans Sainte-Sophie. C’est un acte fondateur, une prise de possession. Mais il y a aussi le hadith de Mahomet qui prédit la gloire à celui qui prendra Constantinople – hadith abondamment cité notamment dans les manuels scolaires, et la légende, dont parle Stéphane Yerasimos dans son livre sur Sainte-Sophie 1, selon laquelle l’effondrement de la coupole, lors d’un séisme, se serait produit précisément la nuit de la naissance du Prophète, et que celui-ci aurait visité l’empereur byzantin en songe, l’autorisant à rebâtir la basilique, parce que « un jour mes fidèles y prieront ».

Je crois qu’on a là quelque chose de fondamental dans la perception turco-musulmane de la question : une prophétie, une sacralisation. Elle est bien illustrée par un fait : les musulmans pieux, aux temps de l’empire, tenaient à passer la Nuit du Destin, à la fin du Ramadan, dans Sainte-Sophie. Il existe ainsi une série de représentations, croyances et attitudes qui dénotent un respect profond pour le bâtiment et ce qu’il représente de religiosité, au sens universel. Ce respect est peut-être symbolisé par la conservation du nom chrétien et grec de Ayasofya (Hagia Sophia) à travers toute l’époque musulmane. Il existe en Allemagne notamment quesques Ayasofya Camii, au moins depuis les années 1990 ! Et l’expression Ayasofya Camii n’est pas du tout perçue comme paradoxale par les Turcs croyants…

La deuxième strate est celle du national-islamisme. Les tenants de ce courant considèrent qu’on leur a volé Sainte-Sophie. La Fetih de 1453 est pour eux l’événement fondateur de la Turquie, autant que la bataille de Malazgirt (1071). Or dans la vision kémaliste, que j’ai analysée à travers les manuels scolaires, il y avait cinq événements fondateurs excluant la Fetih : les migrations d’Asie centrale, la culture de l’Orkhon, les Etats turco-musulmans de Transoxiane (Maveraünnehir), la bataille de Malazgirt… et on sautait à la bataille des Dardanelles (Çanakkale). Dès l’époque de ma thèse, qui coïncide avec les premiers succès du Refah, je prévoyais que la Fetih deviendrait un sixième événement fondateur. Necmettin Erbakan a essayé de l’instituer, avec de grandes parades, qui par provocation passaient place de Taksim (suivant l’itinéraire terrestre des bateaux ottomans). Mais c’est Erdogan qui a réussi à le faire, en utilisant tous les médias. Il a également donné un nouveau sens sacré à Malazgirt, et ces deux événements encadrent de religiosité la création de la « Turquie ».

Enfin pour ce qui est de la strate kémaliste, c’est un mystère pour moi. Il semble que les réactions du CHP sont molles, voire inexistantes, voire même favorables. Je ne pense pas qu’Erdogan se pose en destructeur du kémalisme. Celui-ci lui est bien utile, c’est un instrument de contrôle sans égal, il ne pourrait pas se le permettre. Il sait aussi qu’il ne peut pas remplacer Atatürk en tant que figure tutélaire, paternelle et rassurante : Erdogan n’est ni un héros ni un martyr. Je pense qu’il a besoin d’Atatürk. Mais – et c’était perceptible dans les cérémonies à Malazgirt ces dernières années – il fait d’Atatürk une figure non pas de prédécesseur, de novateur, de révolutionnaire, mais une figure de continuateur, de héros de la turcité musulmane, succédant à Alparslan et bien sûr, désormais, à Mehmet Fatih.

Il se pourrait que, à la longue, les kémalistes se satisfassent d’une telle vision : on le saura quand Erdogan sera parti, d’une manière ou d’une autre.

AT : A l’exception de certains sultans de la période de déclin de l’Empire qui sont décriés comme trop autoritaires ou responsables de l’éclatement de l’Empire de par leur inaction ou incompétence, quels sont les principaux éléments de rupture et de continuité que l’on observe dans les manuels d’histoire turcs entre la République kémaliste et l’Empire ottoman ?

EC : Je n’avais pas envie de passer toute mon existence sur les manuels scolaires turcs… Donc je ne peux parler que de ce qui a existé jusqu’en 1993. J’ignore complètement si la période suivante a été étudiée ou est en cours d’étude.

Pour ce qui est des soixante années étudiées, le récit sur la Fetih est plutôt « plat », je veux dire presque exempt d’idéologie, très factuel. Sauf pour la Fetih, j’y reviendrai. Comme j’étais à la recherche d’idéologie, je suis passé plus superficiellement sur les chapitres concernant l’histoire ottomane.

Mais j’y suis revenu un peu plus tard, vu les événements de Yougoslavie, pour analyser la perception des Balkans dans ce récit national. Elle est très forte, la conquête progressive de la péninsule est vraiment un événement qui parle au cœur des Turcs, dont beaucoup ont des aïeux venus de l’ex-Yougoslavie, de Macédoine, d’Épire… Comme c’est une histoire proprement ottomane, cette période de conquête, qui remonte au XIVe siècle, bien avant la Fetih, est chargée d’un triple affect : l’affect dû à la perte de ces régions à l’issue des guerres balkaniques (1912) ; à l’expulsion d’une partie des musulmans vers l’Anatolie, en 1923 ; et à la guerre de Yougoslavie, avec ses événements dramatiques comme le siège de Sarajevo et le massacre de Srebrenica. Et à cette époque, j’en ai été témoin, la perception du monde balkanique ottoman a été une plaie très vive dans les milieux islamo-conservateurs. Cela s’exprimait par un poncif : Osmanlı gitti, huzur bitti. Les Européens ne connaissent pas cette histoire, car on ne leur enseigne pas ; mais il existe une Europe musulmane, avec la Bosnie, le Kosovo, l’Albanie, dont les milieux islamistes turcs se sentent responsables : « c’est notre héritage », « c’est le sceau (damga, mühür) des Turcs sur l’Europe ».

Je parle de cela parce que dans l’esprit du public turc il me semble qu’il y a là une rupture fondamentale. Elle coïncide avec le passage de l’empire à la république, mais elle n’est pas vraiment en rapport avec le changement de régime.

Sur ce dernier point, le récit historique kémaliste a tout fait pour faire croire à une rupture en 1919-1923, au point que c’est l’un des arguments pour se dédouaner du génocide des Arméniens : « Ce n’est pas nous, ce sont les Ottomans ». Mais évidemment grâce à des historiens comme Taner Akçam et d’autres on sait bien que la continuité du personnel politique est tale.

AT : Peut-on considérer qu’aujourd’hui la synthèse turco-islamique est devenue l’idéologie officielle de l’Etat ? Pas seulement pour l’AKP et le pouvoir, mais même pour une bonne partie de l’opposition à commencer par le CHP. Pour les uns c’est l’islam qui domine, pour les autres la turcité, mais la synthèse ne reste-t-elle pas la même ?

EC : A mes yeux c’est simple : tant qu’aucun personnage politique d’envergure,  dans la gauche institutionnelle ou chez les kémalistes, ne proclame pas ouvertement et publiquement que le fondement de la nation n’est pas l’islam, tant que les autres religions (non musulmanes ou alévisme) ne sont pas sur un pied d’égalité avec l’islam sunnite, tant que les crimes contre les autres religions (assassinats mais aussi dégradation d’églises et cimetières 2) ne seront pas dénoncés et punis comme il se doit, tant que le génocide des Arméniens et l’expulsion des Grecs d’Istanbul en 1955 ne sont pas dénoncés au plus haut niveau, on peut dire que la Turquie est de facto sous l’empire de cette idéologie de la synthèse turco-islamique (dont le concept avait déjà été formulé par Ziya Gökalp en 1918).

Mais le processus s’est renforcé à la faveur du coup d’Etat de 1980 : les généraux croyaient pouvoir lutter contre le communisme par la religion (comme les Américains en Afghanistan) et celle-ci a été « boostée » par les militaires. Des intellectuels comme Baskın Oran ont beaucoup fait pour alerter le public français sur ce regain de la synthèse turco-islamique et le bizarre mélange qui s’instaurait avec le kémalisme. Le courant de la « synthèse » couvait depuis la fondation du Foyer des Intellectuels (Aydınlar Ocagı) dans les années 1970, le futur président Özal en était un membre influent. Erdogan est un produit parfait de ce courant, et toute sa politique en est l’application, pour la première fois sans complexe et dans la durée.

AT : Comment avez-vous choisi comme objet de votre thèse de doctorat le nationalisme turc et l’étude des manuels scolaires turcs des années 1931 à 1993 ?

EC : Quand j’ai commencé ma thèse, j’avais déjà une carrière de vingt-cinq ans d’enseignement en lycée. Je m’étais très investi dans la déconstruction des manuels scolaires, des valeurs qu’ils transmettent et qui ne sont pas toujours celles de l’enseignant. J’avais même publié dans une revue militante un article sur la transmission des valeurs du néo-libéralisme par les manuels de géographie dans les années 1970. Il faut détecter ces valeurs, exprimées subtilement à travers le langage, les illustrations, les cartes, et en faire prendre conscience aux élèves. C’est tout un travail d’analyse de discours, de sémiologie graphique… Je crois que j’ai été le premier à le faire, par des outils linguistiques que j’ai dû forger moi-même, pour la Turquie et la langue turque.

Comme je connaissais la Turquie, que j’avais déjà des notions de turc, j’ai choisi d’étudier une « vision du monde » différente de la notre. Donc je ne viens pas du tout d’une « voie royale » telle que l’ENS, l’EHESS, l’INALCO. Je suis un outsider, prof de lycée dans une sous-préfecture, cela m’a voulu pas mal de mépris, mais c’est justement grâce à ce regard extérieur, non formaté, que j’ai pu renouveler l’approche du sujet. J’étais doublement extérieur : par rapport à la Turquie et par rapport à la turcologie et même au monde universitaire.

AT : Comment Mehmet II et la prise de Constantinople sont-ils traités dans les manuels scolaires turcs ?

EC : Là encore le récit est assez dépourvu d’affect ou d’idéologie jusqu’aux années 1980-1990. A partir de ce moment, la Fetih est perçue dans une perspective historique de « temps long », elle s’inscrit dans une téléologie dans laquelle les Turcs doivent accomplir quelque chose, qui est inscrit, prévu depuis le début de leur histoire. L’empire ottoman encercle Constantinople, qui continue de contrôler le Bosphore : la prise de la ville signifie la complétude d’un territoire, qui à l’époque est entièrement balkano-anatolien.

Si le récit est assez neutre jusque dans les années 1980, il s’infléchit dans un sens religieux. L’emploi du mot Fetih, « ouverture à l’islam », devient systématique au détriment de zafer ou zapt qui ont un sens militaire. En 1985 apparaît la justification religieuse de l’événement ; depuis 1990, le hadith de Mahomet est cité systématiquement, conférant à la Fetih le caractère de réalisation d’une prophétie. Et il s’agit non pas « du Prophète » mais « de notre Prophète » (Peygamberimiz) ce qui, en un seul mot, détruit la laïcité bien plus efficacement que la mesure actuelle d’Erdogan concernant Sainte-Sophie.

De plus, le récit glorifie les Turcs d’avoir réalisé ce que les Arabes n’ont pas réussi : toujours la rivalité turco-arabe, qui s’exprime à bien d’autres occasions. Et plus encore, le Turc devient « celui qui ouvre et ferme des âges historiques » puisqu’on considère que 1453 est la fin du Moyen-Âge. Le Turc est celui qui permet l’éclosion de la Renaissance car, aux contact des Turcs, les Européens « ont appris la liberté de penser », et par-dessus tout, la tolérance, une vertu proprement turque selon les manuels (les Arméniens apprécieront). « Grâce » aux Turcs aussi, les lettrés de Constantinople sont allés en Italie transmettre la culture grecque. Et puis, les Européens ont dû chercher de nouvelles routes commerciales, ce qui a provoqué les Grandes Découvertes. Bref, l’intervention des Turcs dans l’histoire a pour résultat final la prospérité européenne… Un auteur, M.A. Köymen, rajoute en 1990, « Ce fut le succès remporté par une civilisation et un peuple supérieurs, sur une civilisation et un peuple corrompu et dégénéré ».

On voit les manuels d’histoire s’imprégner, à la fin du XXe siècle, de la vision exprimée dès 1953, à l’occasion du 5e centenaire, par Ismail Hâmi Danismend, historien nationaliste, qui avait exprimé tout cela dans un opuscule publié en français, La valeur humaine et civilisatrice de la conquête de Constantinople. Il a fallu quarante ans pour que son point de vue prévale dans les manuels. Et trente ans de plus pour qu’Erdogan réalise dans les faits cette vision, par la restitution de Sainte-Sophie à l’islam, promesse qu’il avait faite lors de son élection à la mairie d’Istanbul en 1994.

On l’a bien vu depuis quelques années à l’occasion des anniversaires de la Fetih, et aussi de ceux de Malazgirt, Mehmet Fatih est LE héros préféré d’Erdogan, de son cercle et de ses électeurs. Il s’inscrit dans la chaîne de héros constituée par Attila – Bilge Kaghan – Alparslan – Fatih – Atatürk, mais il les domine tous.

AT : Et dans les manuels scolaires en France, quelle est la place accordée à la conquête de Constantinople par l’Empire ottoman ?

EC : Pour autant que je me souvienne de mes années d’enseignement, je n’ai pas remarqué la présence de beaucoup d’affect dans le récit qui en est fait en France. Ni grand regrets, ni anti-turquisme et surtout pas d’islamophobie. Car il s’agit surtout d’étudier, en classe de seconde, un exemple de civilisation extra-européenne. Donc ce sont surtout les magnifiques réalisations de Soliman qui sont mises en avant.

Une chose est frappante, c’est qu’il existe un engouement pour cette histoire. Je m’en suis rendu compte après avoir mis en ligne le chapitre de ma thèse portant sur sur la prise de Constantinople ; eh bien, c’est de très loin le texte le plus lu parmi tous ceux que j’ai publié sur academia.edu.

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