Le Parti républicain du peuple a toujours rejeté ces accusations et accuse le gouvernement d’utiliser le pouvoir judiciaire pour mener un « coup d’Etat politique ».
Un tribunal d’Ankara a rejeté, vendredi 24 octobre, une plainte pour des allégations d’achats de voix lors d’un congrès du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) en 2023. Ces poursuites menaçaient d’invalider l’élection de l’actuelle direction du CHP et d’aboutir à la nomination d’un administrateur désigné par l’Etat à la tête du parti.
La décision des juges, qui ont déclaré la plainte infondée, a été accueillie par des applaudissements dans la salle d’audience, a constaté une journaliste de l’Agence France-Presse (AFP).
L’avocat du CHP, Caglar Caglayan, s’est félicité d’une décision « résultant de l’Etat de droit ». « Puisse-t-elle être bénéfique pour tous », a-t-il déclaré à la presse à l’issue de l’audience. L’avocat du plaignant, un ancien maire CHP, a annoncé sa volonté de faire appel de la décision du tribunal d’Ankara.
« A l’heure où les notions de droit et de justice sont vidées de leur substance, cette décision (…) est la bienvenue pour notre démocratie », a réagi sur X le porte-parole du CHP, Deniz Yücel.
Les marchés, sensibles aux soubresauts politiques en Turquie, ont aussi réagi favorablement : le BIST100, indice vedette de la Bourse d’Istanbul, progressait fortement (+ 4,45 %) peu après midi (11 heures à Paris).
Cible d’une vaste offensive judiciaire
Le CHP, sorti large vainqueur d’élections locales en 2024, nie depuis le début ces accusations, et reproche au gouvernement d’utiliser le pouvoir judiciaire pour mener à bien un « coup d’Etat politique ».
Pour tenter de consolider sa direction, le CHP avait organisé un congrès extraordinaire le 21 septembre, au cours duquel Özgür Özel, actuel dirigeant du parti, avait été réélu.
Le CHP, fondé par le père de la République turque, Mustafa Kemal, dit Atatürk, est la cible depuis un an d’une vaste offensive judiciaire. Sa figure la plus populaire, le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, est incarcéré depuis mars pour corruption – une accusation qu’il rejette. Vendredi, une nouvelle enquête, cette fois pour espionnage, a été ouverte contre lui.
L’arrestation de M. Imamoglu, vu comme le plus sérieux rival du président Recep Tayyip Erdogan, avait provoqué de nombreuses réactions internationales et suscité une contestation inédite en Turquie depuis 2013.
Plus d’une dizaine d’autres maires CHP d’arrondissements d’Istanbul et de villes turques ont également été arrêtés et incarcérés depuis un an, la plupart pour corruption ou terrorisme.
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Le Monde avec AFP
