Patrick Modiano et Orhan Pamuk signent la tribune appelant à «nommer le «génocide» à Gaza»/Alexandra Schwartzbrod / LIBERATION

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Libération, le 29 mai 2025

Patrick Modiano et Orhan Pamuk se sont ajoutés à la liste des 300 écrivains signataires de la tribune appelant à «nommer le «génocide» à Gaza».

Après J.M.G. Le Clézio et Annie Ernaux, deux nouveaux Prix Nobel de littérature, Patrick Modiano et Orhan Pamuk, ont souhaité signer la tribune des 300 écrivains publiée le 26 mai dans Libération pour s’insurger contre le bain de sang en cours à Gaza. «Nous ne pouvons plus nous contenter du mot «horreur», il faut aujourd’hui nommer le «génocide» à Gaza», affirmaient-ils. Cette tribune, signée aussi par de nombreux Prix Goncourt, Leïla Slimani, Nicolas Mathieu, Mohamed Mbougar Sarr, Jérôme Ferrari, Hervé Le Tellier ou Brigitte Giraud, reprenaient les mots de la poétesse palestinienne Hiba Abu Nada, tuée en octobre 2023 par un bombardement israélien, qui, dans son poème Une étoile disait hier, avait imaginé un abri universel pour les Palestiniens, dans lequel ils ne seraient plus, comme depuis des décennies, exclus de l’humanité. «Et si un jour, Ô Lumière /Toutes les galaxies /De tout l’univers /n’avaient plus de place pour nous /Tu diras : «Entrez dans mon cœur /Vous y serez enfin à l’abri ».»

Ces écrivains et écrivains prenaient bien soin de préciser que la vie de leurs pairs n’était pas plus importante que celle de quiconque «surtout à l’heure où des familles entières sont rayées du registre de l’état-civil de manière routinière». Simplement, expliquaient-ils, «en tuant un écrivain ou une écrivaine, c’est une culture, une liberté, un témoignage, une archive que l’on efface. C’est tout un corpus qu’on oblitère et un silence qu’on impose. Car une mort est aussi une censure».

On pourrait d’ailleurs ajouter à cette liste toutes celles et tous ceux qui ont tenté de témoigner de l’horreur en cours, les journalistes qui ont été tués par dizaines ces derniers mois mais aussi la photojournaliste palestinienne Fatma Hassouna, tuée par une frappe israélienne en avril alors qu’elle venait d’apprendre que le documentaire sur Gaza auquel elle avait participé était sélectionné au Festival de Cannes. A la veille de l’ouverture du festival, plus de 900 artistes du monde du cinéma avaient signé un appel à cesser de «silencier l’horreur de Gaza». Le monde de la culture est donc en première ligne pour réclamer «un cessez-le-feu immédiat, des sanctions à l’Etat d’Israël, la libération des otages israéliens et celle des milliers de prisonniers palestiniens détenus arbitrairement dans les prisons israéliennes.»

Aide alimentaire pillée

L’appel des écrivains français publié dans Libération a été repris par un collectif d’écrivains britanniques qui comprend notamment Zadie Smith, Ian McEwan, Hanif Kureishi ou Elif Shafak, publié mercredi par The Guardian. Comme leurs homologues français, ils soulignent que «la qualification de «génocide» pour décrire ce qu’il se passe à Gaza ne fait plus débat pour nombre de juristes internationaux et d’organisations de protection des droits humains».

Mercredi, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies a déclaré que des milliers de Palestiniens affamés avaient fait irruption dans l’un des entrepôts de l’agence dans le centre de Gaza, au moins deux personnes auraient trouvé la mort dans cette bousculade. Rappelons qu’Israël laisse passer au compte-goutte des denrées alimentaires dans l’enclave alors que celle-ci manque de tout. «Gaza a besoin d’une augmentation immédiate de l’aide alimentaire, c’est le seul moyen de rassurer les gens qu’ils ne mourront pas de faim», précise l’agence de l’ONU.

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