En Turquie, le Parlement a adopté samedi 19 juillet une loi controversée autorisant l’exploitation minière sur certaines terres agricoles, notamment des champs d’oliviers. Le texte, voulu par le parti au pouvoir AKP, a suscité de vifs débats à l’Assemblée et plusieurs jours de manifestations à Ankara. Mais le gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan, jugeant la réforme « nécessaire », a refusé de faire marche arrière.
Malgré le rejet unanime des partis d’opposition, deux semaines de sit-in dans un parc d’Ankara et une grève de la faim menée par certains villageois et agriculteurs : les députés de la majorité ont validé le projet d’exploitation de mine dans des zones considérées comme intouchables. « Le Parlement se comporte comme le PDG d’une compagnie minière », a accusé Ali Mahir Başarır, député du CHP, principal parti d’opposition. « Nous allons continuer de nous opposer » au texte, avait-il ajouté.
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« Loi de super autorisation »
Baptisée par ses détracteurs « loi de super autorisation », la nouvelle législation vise à simplifier et accélérer les procédures pour les projets énergétiques et miniers. Elle rend les expropriations plus aisées, y compris dans des zones naturelles protégées. Sont directement concernées les terres agricoles, mais aussi les emblématiques oliveraies, les vergers d’oliviers.
Un article autorise même le « transfert » des oliviers déracinés vers d’autres zones, une mesure qui suscite l’indignation dans les régions égéennes, comme Aydın, Izmir ou Muğla, où l’olivier est un symbole culturel et économique. Ces arbres étaient jusqu’alors considérés comme « intouchables », protégés par une loi datant de 1939.
Extraction de houille
Ce n’est pas la première fois que la question des ressources naturelles mobilise les citoyens. En 2023, la forêt d’Akbelen, dans le district de Milas (sud-ouest), avait été occupée pendant plusieurs semaines par des villageois et des militants écologistes opposés à l’extension d’une mine de charbon. Le président Recep Tayyip Erdogan avait alors qualifié les manifestants de « marginaux » et défendu la nécessité d’augmenter la production nationale de houille.
Malgré la ratification de l’Accord de Paris sur le climat en 2021, le gouvernement continue de miser sur l’extraction de houille. Les défenseurs de l’environnement rappellent pourtant que la Turquie dispose d’un fort potentiel en énergies renouvelables. Ils promettent de poursuivre leur lutte, localement, au pied des oliviers.
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