(….) Un projet d’amendement au code pénal, proposé par le gouvernement islamo-conservateur d’Ankara, permettrait de poursuivre les personnes homosexuelles, bisexuelles et transgenres pour comportements jugés « contraires au sexe biologique et à la morale générale » ainsi que leur « promotion ». (…)
(…) – « Idéologie déviante » –
Le texte, qui devrait être soumis au parlement avant la fin de l’année, prévoit également de repousser de 18 à 25 ans l’âge minimum pour toute chirurgie de transition et restreint l’accès aux soins dans ce cadre.
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La communauté LGBT+ est fréquemment dans le viseur du président Recep Tayyip Erdogan qui la rend responsable du déclin démographique du pays.
Pour lui, les comportements LGBT+ « importés de l’étranger » sont des « perversions », une « idéologie déviante » et un « fléau » menaçant la famille et les valeurs turques.
Fin octobre, plusieurs associations ont tenté de mobiliser contre ce projet de loi qui « viole la dignité humaine » selon l’organisation Human Rights Watch (HRW).
Mais les manifestations ont été interdites, notamment à Istanbul.
« Cette loi prévoit un à trois ans de prison pour des motifs vagues: vous pouvez être condamné pour votre apparence ou juste parce que vous êtes LGBT+ », s’insurge Irem Gerkus, militante des droits humains, lors d’une réunion dans les locaux de l’Association des droits de l’Homme pour dénoncer la loi.
Ogulcan Yediveren, jeune directeur de l’ONG SPOD, qui propose un accompagnement psycho-médical aux personnes LGBT+, y voit surtout une tentative de « restreindre leur présence dans l’espace public ».
« Le ministère de la Famille affiche des objectifs visant directement les LGBT+ et bénéficie d’un budget renforcé… Ce n’est plus seulement la haine dans le discours des politiciens, mais une véritable politique d’État », dénonce-t-il.
– Bars et clubs fermés –
L’homosexualité n’est pas interdite en Turquie, elle a été dépénalisée en 1858, sous l’Empire ottoman. Mais elle reste soumise à l’opprobre sociale et depuis l’arrivée au pouvoir du parti AKP en 2002, les discours anti-LGBT sont allés crescendo.
Depuis 2015, la marche des fiertés est régulièrement interdite et réprimée.
« Une telle loi ne touche pas seulement à la communauté LGBT+. Ses limites s’élargissent progressivement. Que signifient le sexe biologique ou la morale publique? « , reprend Ogulcan Yediveren.
A Istanbul même, pourtant libérale, les lieux de rencontres pour les communautés LGBT+ se réduisent. Plusieurs bars et boîtes de nuit ont fermé ces derniers mois après des descentes de police en pleine nuit. (….)
