Selon le géant de la réassurance Swiss Re, 142 catastrophes naturelles ont été recensées en 2023 dans le monde, un record. Parmi celles-ci, les séismes de février 2023 en Turquie et en Syrie ont été les plus coûteuses tant en termes de vies humaines que de dégâts causés. Malgré une assurance rendue obligatoire après le séisme d’Izmit en 1999, un long chemin reste à faire pour améliorer la protection face aux risques croissants liés aux catastrophes naturelles.
Le Petit Journal, le 28 mars 2024, par Pauline Sorain
Dans son rapport, l’organisme Swiss Re constate qu’environ 90% des pertes subies suite aux séismes n’étaient pas couvertes par des assurances. Les pertes économiques liées aux tremblements de terre ont été évaluées à 58 milliards de dollars, alors que les pertes assurées ne se sont élevées qu’à 6,2 milliards de dollars, mettant en lumière un déficit d’assurance en Turquie, malgré de nombreuses mesures mises en œuvre depuis près de 25 ans.
Face aux pertes colossales, l’assurance obligatoire
Après le séisme de 1999, le gouvernement turc a notamment introduit une obligation d’assurance contre les tremblements de terre pour les biens résidentiels, la DASK (Doğal Afet Sigortaları Kurumu – Institution d’assurance des catastrophes naturelles). Cette assurance est en principe obligatoire et les biens immobiliers ne peuvent être en principe vendus ou loués sans qu’elle ait été souscrite. Toutefois, avant les séismes de février 2023, trop peu de logements étaient couverts par cette assurance. Un taux qui semble avoir bien augmenté dans les mois qui ont suivi la catastrophe. Ainsi, selon Levent Korkut, président du comité exécutif des agences d’assurance TOBB (Türkiye Odalar ve Borsalar Birliği), en 2024, ce sont près de 59% des logements qui seraient désormais assurés par la DASK. Un chiffre qui reste cependant bien trop faible aux yeux des autorités.
Dans le cadre du 12ème programme quinquennal de développement, qui consiste en une feuille de route pour l’économie du pays, le gouvernement a souhaité donner une nouvelle impulsion à la couverture contre les catastrophes naturelles. À l’avenir et compte tenu de l’augmentation significative de ces catastrophes, l’assurance obligatoire, renommée ZAS, couvrira d’autres risques que les seuls séismes (particulièrement les inondations). Par ailleurs, le gouvernement entend remédier au problème des sous-déclarations des superficies assurées.