France Culture, le 14 mai 2025
Ce 12 mai, le PKK a annoncé sa dissolution, mettant fin à quarante ans de lutte armée contre l’État turc. Un geste historique, mais non une clôture. Invisibilisés, les Kurdes demeurent pourtant au cœur des recompositions régionales, revendiquant le droit d’être sujets de leur propre histoire.
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- Avec:
Hamit Bozarslan, docteur en histoire et en sciences politiques, directeur d’études à l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
La fin du PKK armé ne met pas un terme à la question kurde. Loin d’un renoncement, ce geste marque un déplacement : celui d’un combat militaire vers une exigence politique. Ni la Turquie, qui poursuit ses arrestations, ni le nouveau pouvoir syrien, qui marginalise les Kurdes, n’ont amorcé de reconnaissance en retour. Et pourtant, les Kurdes n’ont jamais cessé d’agir.
Sans État, ils ont forgé une mémoire politique tissée dans les marges : chants, récits, gestes, diasporas. Le Rojava, administration autonome kurde du nord et de l’est de la Syrie, en est aujourd’hui l’expression la plus visible, entre expérimentations sociales, autogouvernement et encerclement militaire. Il incarne une présence politique sans souveraineté reconnue.
Ce qui s’affirme, ce n’est pas un projet d’État, mais une volonté de récit. Les Kurdes ne réclament pas seulement un territoire : ils revendiquent le droit d’être les auteurs de leur propre histoire. Un avenir régional est-il envisageable en excluant ceux qui, sans reconnaissance officielle, continuent de produire du politique ?