Un tribunal d’Istanbul a ordonné, dimanche 22 juin, l’incarcération du journaliste turc Fatih Altayli, l’un des commentateurs politiques les plus populaires du pays. Le journaliste est accusé de « menace » envers le président Recep Tayyip Erdogan. L’opposition y voit un nouveau symbole des tentatives du pouvoir pour intimider les voix critiques, en particulier dans le contexte de l’incarcération, il y a trois mois, d’Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et principal rival du président turc.
C’est certainement une nouvelle étape dans la répression des médias et des voix critiques en Turquie. Peut-être aussi, selon certains observateurs, le signe avant-coureur d’une nouvelle vague d’arrestations dans les milieux d’opposition. Fatih Altayli est l’un des journalistes les plus populaires du pays, est en prison ce dimanche 22 juin. Il a été arrêté samedi dans la soirée. Son compte YouTube, sur lequel il présente une émission quotidienne, rassemble plus d’1,5 million d’abonnés. Son compte X est suivi par 2,8 millions d’abonnés.
Peu avant son arrestation, Fatih Altayli avait commenté un sondage selon lequel 70% des Turcs s’opposeraient à une présidence à vie de Recep Tayyip Erdogan. Pour illustrer son propos, le journaliste avait rappelé que plusieurs sultans ottomans avaient fini « assassinés » ou « étranglés ». Le parquet y a vu une menace contre le président – une accusation que rejette Fatih Altayli, qui affirme que ses mots ont été sortis de leur contexte.
Au pouvoir depuis 22 ans, dont onze à la tête de l’État, Recep Tayyip Erdogan a laissé entendre qu’il pourrait briguer un nouveau mandat, alors que la Constitution ne l’y autorise pas. Il pourrait toutefois se maintenir au pouvoir grâce à l’organisation d’élections anticipées ou une réforme constitutionnelle.
À lire aussiL’étau se resserre autour de l’opposition en Turquie