Le maire de la plus grande ville de Turquie et opposant ferme au président Erdogan, Ekrem Imamoglu, a de nouveau été visé par la justice turque jeudi. Il est poursuivi pour des soupçons de trucage d’appel d’offres émis fin 2015 lorsqu’il était maire d’un district d’Istanbul. Ekrem Imamoglu, membre du CHP, principal parti d’opposition, rejette ces accusations. France 24 rapport du 15 juin 2023.
Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul, et l’un des principaux opposants au président Recep Tayyip Erdogan, a de nouveau été visé jeudi 15 juin par la justice turque, qui pourrait contrarier plus encore ses ambitions politiques.
Membre du CHP (Parti républicain du peuple, social-démocrate), plus grand parti de l’opposition turque, Ekrem Imamoglu est poursuivi pour des soupçons de trucage d’un appel d’offres émis fin 2015 lorsqu’il était maire de Beylikdüzü, un district d’Istanbul. L’élu rejette ces accusations.
La première audience du procès, longue d’une heure environ, a eu lieu jeudi en l’absence du prévenu, a indiqué le bureau de l’élu à l’AFP. Une deuxième audience est programmée au 30 novembre, a-t-on appris de même source.
Le populaire opposant, vu comme possible candidat à la présidentielle de 2028, encourt jusqu’à sept ans de prison et une peine d’inéligibilité.
Condamné mi-décembre
Ekrem Imamoglu est dans le viseur du pouvoir depuis qu’il a raflé Istanbul en 2019, lors des dernières élections municipales, infligeant son plus cinglant revers au président Erdogan et à son parti, qui contrôlaient la plus grande ville de Turquie depuis 25 ans. Son élection avait d’abord été annulée, avant qu’il ne soit réélu trois mois plus tard avec une plus confortable avance.
Régulièrement ciblé par le président Erdogan, lui-même ancien maire d’Istanbul, l’édile a été condamné mi-décembre à une peine de deux ans et sept mois de prison assortie d’une interdiction de ses activités politiques pour « insulte » aux membres du Haut Comité électoral turc. Ekrem Imamoglu, qui a fait appel de cette décision, a pu jusqu’ici conserver ses fonctions.
Mais cette condamnation, dénoncée par l’opposition turque et plusieurs capitales occidentales, Washington et Berlin en tête, l’a écarté de facto de la course à l’élection présidentielle de mai.
Une partie de l’opposition turque souhaitait voir cet habile communicant se présenter face à l’indéboulonnable président Erdogan.
Au pouvoir depuis vingt ans, Recep Tayyip Erdogan a été réélu pour cinq ans fin mai, recueillant 52,2 % des suffrages au second tour de la présidentielle face à Kemal Kilicdaroglu, candidat investi par l’alliance de l’opposition et chef du CHP.
Ekrem Imamoglu a depuis appelé publiquement à plusieurs reprises à du « changement » dans les rangs du CHP avant les élections municipales de mars 2024, alors que Kemal Kiliçdaroglu, à la tête du parti depuis 2010, entend pour l’heure conserver son poste.