En Turquie, on estime que 500 000 enfants et leurs parents travaillent dans l’agriculture pour un salaire de misère. Ces travailleurs pauvres récoltent pétales de roses, tomates et autres noisettes – vendus ensuite dans les supermarchés européens. De nouvelles lois sur les chaînes d’approvisionnement devraient changer la donne, mais la situation des enfants reste dramatique.
Amar passe son été à cueillir des tomates. De l’aube jusqu’au coucher du soleil, la fillette de 10 ans travaille sous une chaleur écrasante. En période de récolte, les saisonniers agricoles vont de champ en champ sur le territoire turc. Sans l’aide de leurs enfants, les familles pauvres ne pourraient survivre. Pendant des mois, ces jeunes travailleurs vivent dans de simples tentes délaissant les bancs de l’école. Parmi eux, nombreux sont les réfugiés syriens qui, à l’instar d’Amar, comptent parmi les plus démunis. De nombreux produits récoltés en Turquie se retrouvent dans les commerces européens, les tomates séchées à déguster en entrée, ou l’huile essentielle de rose très prisée des parfumeurs français. Pour éradiquer le travail infantile, l’Europe a adopté une loi sur les chaînes d’approvisionnement. Dorénavant, les entreprises européennes devront rendre des comptes si leurs fournisseurs et sous-traitants étrangers enfreignent les droits humains. Depuis l’entrée en vigueur de cette loi, la Turquie a renforcé les contrôles dans les champs. Avec sa coopérative, « Development Workshop », Ertan Karabıyık lutte depuis plus de 20 ans contre le travail des enfants. Il espérait, à la faveur de cette nouvelle législation, que les multinationales et l’État turc allaient enfin agir. Mais sur le terrain, il constate que ce n’est souvent que de la poudre aux yeux. Pour les enfants comme Amar, la crise économique en Turquie n’a fait qu’aggraver leur situation…
Reportage (Allemagne, 2023, 30mn)