Marie Jégo, Antoine Vitkine « Entre Poutine et Erdogan, l’entente brutale »

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Le Monde, Marie Jégo et Antoine Vitkine, le 21 mai 2021

L’un est calculateur au sang froid, l’autre tribun exalté. Mais les présidents russe et turc ont en partage leur aversion de l’Occident et leur soif de pouvoir. Héritiers d’empires rivaux, tous deux tirent aujourd’hui parti de leur relation. Même si Moscou n’apprécie guère les intrusions d’Ankara dans le Caucase ou en Ukraine.

Dans l’un des nombreux vestibules du Kremlin, la forteresse symbole du pouvoir russe, une délégation turque conduite par le président Recep Tayyip Erdogan attend d’être reçue par le maître des lieux, le président Vladimir Poutine. En ce jeudi 5 mars 2020, les Turcs sont nerveux. Huit jours plus tôt, 34 de leurs militaires ont été tués, victimes d’une frappe aérienne dans la province d’Idlib, dernier fief de la rébellion contre Bachar Al-Assad dans le nord-ouest de la Syrie. La bombe – un engin à guidage laser – était russe ; elle a pulvérisé le bâtiment où les soldats s’étaient réfugiés, après un bombardement sur leur convoi. La tension entre Ankara, protecteur des rebelles syriens, et Moscou, principal allié de Damas, est à son comble.

Le malaise des hôtes turcs est palpable. Les visages sont crispés, les regards se portent machinalement sur les portraits qui ornent les murs, ceux des généraux tsaristes tombeurs de l’armée ottomane lors des multiples conflits qui ont opposé les deux empires. Las, Erdogan s’écroule sur une chaise. La délégation est enfin invitée à entrer dans la pièce où Vladimir Poutine reçoit. Le décor est soigné. Sur une cheminée de marbre trône une horloge mettant en scène la victoire de l’armée tsariste sur la Sublime Porte dans les Balkans, en 1878, tandis que sur la droite domine la statue de l’impératrice Catherine II, qui arracha le khanat de Crimée à l’Empire ottoman en 1783.

C’est sous le bronze de la Grande Catherine, justement, que la délégation s’est rassemblée, station debout, pour assister aux discussions. Les deux présidents sont assis côte à côte devant la cheminée. L’entretien peut commencer. C’est bien connu, Vladimir Poutine aime se faire désirer. Rien d’exceptionnel donc, sinon que cette séquence a ensuite été diffusée en boucle sur les chaînes de télévision russes. Il s’agit de souligner comment le maître du Kremlin a rabaissé son hôte, en lui rappelant lequel des deux empires, tsariste et ottoman, avait été le plus fort, jadis, sur les champs de bataille.

A cet instant, la relation russo-turque paraît vacillante. Mais, face à Erdogan, livide et visiblement excédé, Poutine sait trouver les mots : non, la frappe n’était pas destinée aux militaires turcs. D’ailleurs, l’état-major russe n’avait pas été informé de leur mouvement à Idlib. Sur la cheminée, la pendule qui rappelle la défaite des Ottomans égrène les heures. La discussion s’éternise. Finalement, un compromis est trouvé, sous forme d’un cessez-le-feu à Idlib, où des milliers de soldats turcs sont déployés et que Bachar Al-Assad brûle de reconquérir grâce au soutien aérien de Moscou. L’accord est précaire, l’impasse syrienne reste entière, mais l’essentiel est là : l’escalade est évitée.

La capacité des deux dirigeants à surmonter leurs divergences ne cesse d’étonner. Quel est le secret de leur alliance ? Jusqu’ici, elle a su résister à toutes les épreuves. Pourtant, les intérêts divergent. Anciennes rivales historiques à l’époque des empires, la Turquie et la Russie sont loin d’être toujours sur la même ligne. En Syrie, en Libye, en Ukraine, dans le Caucase, elles soutiennent des camps opposés.

Vieil ordre mondial « dépassé »

Difficile à qualifier, le nouvel attelage russo-turc, mêlant adversité et coopération, s’impose comme un événement géopolitique majeur de la décennie. Il a bousculé le statu quo en place depuis la fin de la guerre froide, interrogeant sur l’avenir de la Turquie au sein de l’OTAN. Enthousiaste, le politologue russe Fiodor Loukianov y voit « un prototype de partenariat qui s’avérera déterminant dans les années à venir ». Il en est sûr, la relation Poutine-Erdogan « servira de modèle aux futures relations internationales ». Le vieil ordre mondial est dépassé, les règles du jeu ont changé. La diplomatie est transactionnelle, avant tout. « Nombreux sont les Etats qui cherchent aujourd’hui des relations souples, sans beaucoup d’engagements, non tributaires d’alliances rigides », affirme l’analyste, réputé proche du Kremlin.

Dans une étude publiée par l’Institut français des relations internationales (IFRI) et intitulée « Russia and Turkey. Strategic Partners and Rivals » («Russie et Turquie. Partenaires stratégiques et rivaux »), le chercheur Pavel Baev est plus mesuré. Il souligne le décalage entre la relation telle qu’elle est affichée par les officiels des deux Etats et la réalité. Sous les ors du Kremlin, il est question d’une alliance ambitieuse, sécuritaire, énergétique, économique. Mais, sur le terrain, la coopération laisse à désirer. Dans le dossier syrien, les partenaires ne cessent de vanter la « désescalade » militaire, sans avoir jamais réussi à avancer vers la paix, se contentant de gérer les dérapages.

Quant aux échanges commerciaux, malgré des annonces tapageuses, ils restent modestes – 20,8 milliards de dollars en 2020,loin de l’objectif affichéde 100 milliards. La Turquie, grande consommatrice de gaz, se fournit désormais davantage auprès de l’Azerbaïdjan que de la Russie.Le 8 janvier 2020, le gazoduc TurkStream, destiné à alimenter la Turquie et le sud de l’Europe en gaz russe via la mer Noire, avait pourtant été inauguré en grande pompe par les deux dirigeants. La même année, les importations turques de gaz russe chutaient de 40 % par rapport à l’année précédente.

M. Baev résume bien ces contradictions. « Moscou peut se réjouir qu’Ankara soit désormais perçu à Paris, Berlin et Washington comme un grand fauteur de troubles, écrit-il. Mais il se trouve trop souvent en difficulté face aux tentatives turques de démonstration de force. » A l’automne 2020, le soutien militaire massif turc à l’Azerbaïdjan, dans sa guerre contre l’Arménie pour reprendre le contrôle de l’enclave du Haut-Karabakh, a mis sens dessus dessous l’équilibre géopolitique du sud du Caucase. Or, la Russie voit cette région comme son arrière-cour, un endroit où, depuis près d’un siècle, nulle autre armée que la sienne n’a pu mettre le pied.

Là aussi, un compromis a été trouvé. Ecarté du cessez-le-feu supervisé par le seul Kremlin dans le Haut-Karabakh, le 9 novembre 2020, Erdogan a reçu quelques compensations de son « ami » Poutine. La Turquie pourra construire une voie d’accès permettant de relier l’Anatolie à la mer Caspienne, et obtient le feu vert russe pour l’envoi, en Azerbaïdjan, de 60 militaires en mission d’observation.Vladimir Poutine s’était ensuite répandu en louanges sur son homologue turc. « Avec le président Erdogan, nous avons parfois des divergences, mais c’est quelqu’un qui tient parole, un homme, un vrai ! », déclara-t-il lors de sa conférence de presse annuelle, le 17 décembre 2020.

« Je reconnais à Vladimir Poutine les mêmes qualités et je souhaite que notre bonne relation se poursuive », répondit l’intéressé. La guerre dans le Haut-Karabakh a pourtant failli mettre à mal la « bonne relation ». En soutenant militairement son allié azerbaïdjanais, musulman et turcophone, la Turquie était peut-être allée trop loin.

L’OTAN, organisation honnie

Quelques mois plus tôt, les images de destruction, par les drones turcs, des chars russes utilisés par les forces arméniennes avaientsoulevé une viveémotion parmi l’élite « à épaulettes » de Moscou, les hommes des services de sécurité et de l’armée. Vladimir Poutine calma le jeu. L’important n’était pas là. Un autre événement était à même de rasséréner la partie russe : alors que les drones turcs, les conseillers militaires et les mercenaires syriens envoyés par Ankara étaient en pleine action dans le sud du Caucase, l’armée d’Erdogan testait, pour la première fois, les batteries de missiles antiaériens S-400 achetés à la Russie.

Conclue en 2017, la vente de ces missiles s’est révélée être un coup de maître de Moscou, avide d’affaiblir l’OTAN, l’organisation honnie, dont la Turquie est le pilier oriental depuis 1952.En s’équipant avec du matériel russe, techniquement incompatible avec le système de défense de l’Alliance atlantique, la Turquie a semé le doute chez ses alliés traditionnels et s’est exposée à de lourdes sanctions de Washington. En janvier, elle a ainsi été évincée du programme de fabrication des F-35, les avions furtifs américains de dernière génération, sur lesquels son armée comptait pour renouveler sa flotte devenue obsolète. Désormais, il est question d’acheter des avions de chasse russes. Poutine jubile.

Pour Erdogan, l’acquisition de ces missiles est au contraire présentée comme un acte d’indépendance. Il veut montrer que son pays n’est plus l’allié docile des Occidentaux. Son idée-phare, selon laquelle il faut en finir avec « la bride mise au cou de la Turquie par l’Occident »,a l’assentiment de ses partisans, pétris derancœurcontre l’Europe et les Etats-Unis.L’islam politique turc entend bien rompre avec les choix des pères fondateurs – Atatürk en tête – qui avaient décidé d’arrimer le pays à l’Occident, à son système de sécurité et à ses valeurs.

La livraison des S-400 a eu lieu le 12 juillet 2019, soit trois jours avant les commémorations de l’échec du coup d’Etat du 15 juillet 2016 en Turquie. La date n’avait pas été choisie au hasard par Vladimir Poutine, désireux de rappeler qu’il avait été le premier à soutenir le président Erdogan au moment du putsch raté.Nul ne sait ce que les deux hommes ont pu se dire au téléphone cette nuit-là,mais une chose est sûre, l’initiative du maître du Kremlin a été appréciée.L’Europe, plus lente à réagir, fut accusée par Ankara de manquer d’empathie, et Washington carrément désigné comme complice…

Le rapport personnel qu’entretiennent les deux hommes est la clé de l’équilibre entre leurs pays. « Entre la Turquie et la Russie, il n’existe pas de mécanismes institutionnels de “déconfliction”, explique le politologue indépendant Kerim Has, à Moscou. Les problèmes se règlent uniquement à travers les rencontres en face à face et les appels téléphoniques entre Erdogan et Poutine. »

L’entente n’a pas toujours été aussi cordiale. Le dossier de la guerre en Syrie a toujours été un point sensible.Le 24 novembre 2015, la Turquie abattait un avion de chasse russe au-dessus de la frontière turco-syrienne, causant la mort de deux pilotes russes. Entre Ankara et Moscou, le ton monta, Erdogan dénonçant « les crimes de guerre » commis par la Russie en Syrie, Poutine évoquant « un coup de poignard dans le dos, asséné par ceux qui soutiennent le terrorisme ». Moscou imposa des sanctions, annula les vols des touristes russes en direction des plages turques et bloqua l’importation de produits agricoles, les tomates surtout.

Acculé, Recep Tayyip Erdogan finit par envoyer une lettre d’excuses à Poutine en juin 2016, déplorant l’avion abattu et adressant ses condoléances aux familles des pilotes disparus. Les contacts s’intensifièrent avec, en point d’orgue, la conversation téléphonique survenue au moment du coup d’Etat raté de juillet 2016. La réconciliation est solide. Elle va résister aux chocs.

Le 19 décembre de la même année, Andreï Karlov, l’ambassadeur de Russie à Ankara, est abattu d’une balle dans le dos par un policier turc, alors qu’il prononçait un discours dans une galerie d’art. Les analystes prédirent aussitôt la fin du rapprochement. Pourtant, Moscou ne broncha pas, accepta les explications des autorités turques selon lesquelles le meurtre avait été planifié par le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen. Cet ancien allié d’Erdogan, installé depuis 1999 aux Etats-Unis, est devenu son pire ennemi puisqu’il est accusé d’avoir fomenté le coup d’Etat.

Issus de la même génération – Poutine est né en 1952, Erdogan en 1954 −, les deux présidents ont en commun d’être aux manettes de leurs pays respectifs depuis une vingtaine d’années. Pour le reste, l’espion communiste et le jeune adepte de l’islam politique n’ont ni les mêmes références ni le même parcours.Leurs caractères sont à l’opposé. Autant Erdogan est émotif, emporté et sans limites, autant Poutine, malgré quelques dérapages verbaux, est un animal à sang froid, calculateur.

Doté d’un fort instinct politique, Recep Tayyip Erdogan est un tribun éprouvé. Militant islamiste depuis son plus jeune âge, il a gravi une à une les marches du pouvoir jusqu’au sommet. A l’inverse, Vladimir Poutine, formé à l’école du KGB, la police politique soviétique, s’est vu offrir le pouvoir sur un plateau. Dès 1999, il fut choisi par son prédécesseur, Boris Eltsine, qui avait flairé sa nature « décisive et robuste ».

Tous deux sont adeptes du multilatéralisme, avec une forte aversion pour l’« hégémonie du dollar ». Tels des prophètes ou des illusionnistes, ils appellent leurs peuples au réveil patriotique et spirituel, mettant en garde contre le déclin de la civilisation occidentale. Tous deux estiment que « les droits de l’homme et la démocratie sont des paramètres inexistants », précise le politologue russe Fiodor Loukianov.

La même soif d’autoritarisme les anime. Réécrire la Constitution au pas de charge, disperser violemment les manifestations, jeter les opposants en prison, museler les médias et toutes les voix critiques… Les modes de gouvernance sont analogues. A Ankara comme à Moscou, le président est le soleil autour duquel évoluent toutes les planètes institutionnelles. En cas de nécessité historique, lui seul est habilité à lancer des purges, à faire enlever ou à éliminer des opposants – y compris à l’étranger.

En interne, chacun joue la carte de l’« homme providentiel », celui qui a permis au pays de relever la tête. Tous deux aiguillonnent le ressentiment et les rêves de grandeur de leurs populations, trop heureusesde pouvoir ainsi oublier la chute du niveau de vie, la corruption des élites, le délitement des institutions. Erdogan et Poutine font de l’histoire un instrument au service de cette mission.

Pour autant, les systèmes politiques des deux pays sont différents. Si la scène politique russe ne connaît pas la concurrence, la turque est encore sujette à des batailles électorales. Au printemps 2019, le parti présidentiel, Parti de la justice et du développement (AKP), a perdu les municipales à Istanbul, Ankara et dans plusieurs autres grandes villes côtières. Les islamo-conservateurs ont perdu Istanbul, leur fief depuis vingt-quatre ans, au profit de l’opposant Ekrem Imamoglu, du Parti républicain du peuple (CHP), vainqueur du scrutin. La chose aurait été impensable en Russie, où jamais Vladimir Poutine ne laisserait son principal adversaire, Alexeï Navalny, participer à la moindre élection.

Des fêlures dans la cuirasse

Dans l’arène internationale, Poutine et Erdogan sont comme larrons en foire. La Russie a envoyé ses « petits hommes verts » et ses mercenaires, notamment en Crimée, dans le Donbass (Ukraine) et en Libye. La Turquie a déployé des milliers de combattants syriens en Libye, des dizaines en Azerbaïdjan. Moscou fait pression sur les gouvernements européens dépendants de son gaz. La Turquie instrumentalise la question des réfugiés. Tous deux jouent sur la potentialité du conflit, en Ukraine pour Poutine, en Méditerranée orientale pour Erdogan.

Adeptes du rapport de force, ils aiment à afficher leur capacité de nuisance face à un Occident indécis. On se souvient de l’accueil peu diplomatiqueréservé par les Russes à Josep Borrell, le chef de la diplomatie de l’Union européenne. En visite à Moscou, le 5 février, il apprit l’expulsion de trois diplomates européens en poste en Russie au moment même où il sortait de son entretien avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, lequel s’était bien gardé de lui en souffler mot.Ou de l’impolitesse faite à Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, laissée sans siège officiel, contrairement à son collègue masculin Charles Michel, le président du Conseil européen, lors de leur entrevue avec Recep Tayyip Erdogan, le 6 avril.

La cuirasse russo-turque a ses fêlures. Les conflits éloignés de Moscou – Libye, Syrie – paraissent peu susceptibles de remettre en cause la bonne entente. La Libye, où Moscou a soutenu en sous-main le maréchal dissident Khalifa Haftar, n’est pas un dossier prioritaire pour le Kremlin, tout au plus une source d’opportunités et un levier de négociations, avec les Occidentaux comme avec Ankara. Que des mercenaires russes y aient trouvé la mort, ciblés par des avions ou des drones turcs, n’est qu’une péripétie, rapidement noyée sous les déclarations d’amitié, les marques d’attention. Dernière en date : la commande par la Turquie de 50 millions de doses du vaccin contre le Covid-19 Spoutnik V, un dossier particulièrement cher à Vladimir Poutine.

En revanche, les conflits régionaux situés dans ce que Moscou considère comme sa sphère d’influence– Ukraine, Haut-Karabakh – sont les ventres mous de la relation. Moscou n’apprécie guère les intrusions de son partenaire dans sa chasse gardée postsoviétique. Si l’aide militaire turque à l’Azerbaïdjan passe encore, la coopération militaro-industrielle avec l’Ukraine, en revanche, inquiète. Depuis 2019, Kiev achète des drones à Ankara et multiplie les échanges de technologies pour la fabrication de turbopropulseurs, de moteurs d’avions et de missiles, de systèmes radars, de liaisons satellitaires.

Autre sujet douloureux pour la Russie, lors de la visite le 10 avril à Istanbul du président ukrainien Volodymyr Zelensky, Erdogan a réaffirmé son soutien à la candidature de l’Ukraine à l’OTAN. De quoi faire monter la moutarde au nez de Vladimir Poutine, qui se sent encerclé par l’Alliance atlantique. Il fallait sévir. La veille de la visite du chef d’Etat ukrainien, Moscou a décidé de suspendre, jusqu’au 30 juin, ses liaisons aériennes vers la Turquie. Officiellement pour raison sanitaire, pandémie oblige, mais plusieurs officiels russes ont vendu la mèche, l’un d’eux évoquant un « test de patriotisme » pour les touristes privés de vacances sur la côte turque de la Méditerranée.

Pour le gouvernement turc, qui comptait justement sur le tourisme et ses revenus en devises pour renflouer les caisses de l’Etat, c’est une mauvaise nouvelle. La piètre situation économique en Turquie (hausse du chômage et de l’inflation) et la mauvaise gestion de la crise liée au Covid-19 ont attisé le mécontentement de la population, en particulier dans le secteur touristique.Si, contrairement à leurs habitudes, les Russes ne viennent pas passer leurs vacances dans les stations balnéaires turques cet été, la grogne va s’amplifier.

Moscou commence à craindre pour son hégémonie. « Erdogan peut vendre ses armes à l’Ukraine, à condition de ne pas renforcer outre mesure les capacités de l’armée ukrainienne », explique Fiodor Loukianov. Une limite que le président turc « comprend parfaitement ». La relation « ne sera pas amicale, mais elle sera gérable », veut croire le politologue. Jusqu’à ce qu’une crise imprévue, en mer Noire, dans le Caucase, à Idlib, ne la mette à nouveau à l’épreuve.

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