Le verdict est très attendu ce jeudi 16 mai en Turquie. Un tribunal d’Ankara doit se prononcer sur le sort d’une centaine de membres du principal parti pro-kurde, dont son ancien dirigeant emprisonné, Selahattin Demirtas. Jugés depuis quatre ans, les accusés risquent de lourdes peines pour leur rôle présumé dans des affrontements violents survenus à l’automne 2014.
RFI, le 16 mai 2024, par Anne Andlauer
C’est l’un des procès majeurs des dix dernières années en Turquie, en raison du nombre d’accusés, de leur personnalité, mais aussi de l’importance des faits dans l’histoire récente du pays. Cent-huit personnes, pour la plupart d’anciens responsables du parti de gauche pro-kurde HDP – aujourd’hui rebaptisé DEM, risquent la prison à vie.
Ils sont jugés pour leur rôle présumé dans les manifestations émaillées de violences qui ont tué 37 personnes en octobre 2014 dans le sud-est de la Turquie. À l’époque, les combats font rage de l’autre côté de la frontière, à Kobané en Syrie, entre les forces kurdes des YPG et le groupe État islamique. Le président turc Erdogan, qui affirme ne faire aucune différence entre les premières et le second, prédit la chute de la ville.
Le processus de paix n’est plus qu’un lointain souvenir
Au même moment, le HDP – engagé à l’époque avec le gouvernement turc dans un processus de paix pour résoudre la question kurde – appelle à manifester pour Kobané dans les rues du pays.
Des affrontements éclatent pendant ces manifestations, avec les forces de l’ordre, mais aussi entre partisans du HDP et ceux d’un parti kurde rival et islamiste, le Hüda Par.
Dix ans plus tard, le processus de paix n’est plus qu’un lointain souvenir et le Hüda Par est devenu l’un des alliés du pouvoir turc.