Turquie: les ONG vent debout contre la première centrale nucléaire construite par le Russe Rosatom – RFI

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En Turquie, Recep Tayyip Erdoğan doit présider ce jeudi 27 avril une cérémonie pour la réception du premier combustible de la centrale nucléaire d’Akkuyu, dans le sud du pays. Même si le chef de l’État, en campagne pour les élections du 14 mai, vante un « grand projet national », la première centrale nucléaire de Turquie a vu le jour grâce à un accord entre le gouvernement turc et le gouvernement russe. Elle est construite et sera exploitée par le géant russe Rosatom. Les ONG de défense de l’environnement critiquent sévèrement le projet. Avec Anne Andlauer, correspondante à Istanbul, Radio France Internationale du 26 avril 2023.

Recep Tayyip Erdoğan présente la centrale d’Akkuyu comme la pierre angulaire de l’indépendance énergétique de son pays : elle doit fournir à terme 10% de ses besoins en électricité. Mais les opposants au projet fustigent l’absence de transparence des autorités turques et du russe Rosatom, qui finance et construit la centrale depuis cinq ans. 

« Quand la Russie a entrepris ce projet, la Turquie n’avait aucune infrastructure légale liée au nucléaire, affirme Özgür Gürbüz, directeur de campagne de l’association Ekosfer. Qu’est-ce que cela veut dire ? Que la Russie a fait comme elle a voulu. Il n’y a aucun contrôle indépendant, aucune responsabilité financière… Cela pose un grand risque pour le public. Par exemple, nous avons des doutes concernant le risque sismique, mais nous ne recevons aucune information. En tant qu’ONG de la société civile turque, ce n’est pas le ministère turc de l’Énergie que nous trouvons face à nous, mais l’entreprise russe. »

Une centrale russe

Après les séismes dévastateurs du 6 février dans le sud-est de la Turquie, c’est en effet Rosatom qui a assuré que la centrale n’avait subi aucun dommage. Pour Özgür Gürbüz, c’est simple, Akkuyu n’est pas une centrale turque : « Le propriétaire, c’est la Russie. La Russie construit une centrale sur le sol turc, même le combustible vient de Russie. C’est la Turquie qui prend les risques, c’est la Russie qui reçoit l’argent. »

La Turquie devra en effet acheter à prix fixe à la Russie 70% de l’électricité produite par les deux premiers réacteurs pendant 15 ans, et 30% de l’électricité produite par les deux autres, là encore pendant 15 ans.

Avec Anne Andlauer, correspondante à Istanbul, Radio France Internationale du 26 avril 2023.

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