La Turquie et l’Iran resserrent toujours plus leur étau sur les Kurdes – Courrier International

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« Dans le nord de la Syrie, les forces kurdes se sont vu adresser, par l’intermédiaire de la Russie, un “dernier avertissement” d’Ankara qui agite la menace d’une opération terrestre. Téhéran, pour sa part, exerce une pression croissante sur Bagdad concernant la présence, dans le Kurdistan irakien, de groupes kurdes iraniens d’opposition, dans le viseur des Gardiens de la révolution » rapporte Courrier International du 30 novembre 2022.

L’opération militaire terrestre que compte lancer la Turquie, pour éloigner encore un peu plus de sa frontière méridionale les forces kurdes présentes dans le nord de la Syrie, semble se préciser. En riposte à un attentat meurtrier qui a frappé Istanbul une semaine plus tôt, Ankara mène sur cette bande frontalière, depuis le 20 novembre, des raids aériens visant des positions de groupes de combattants kurdes, que la Turquie considère comme terroristes.

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Et le président turc Recep Tayyip Erdogan réitère à l’envi sa menace d’offensive terrestre. Lundi 28 novembre, s’exprimant sur la chaîne turque A Haber, le porte-parole de la présidence, Ibrahim Kalin, s’est toutefois refusé à donner une date :

“Ça pourrait commencer demain, la semaine prochaine ou à tout autre moment.”

Cette offensive pourrait se dérouler “par étapes”, selon des sources diplomatiques turques citées par le quotidien panarabe Al-Araby Al-Jadid. Elle commencerait par la zone de Tal Rifaat, avant de se concentrer sur Kobané et Manbij.

“Dernier avertissement”

L’imminence du lancement de cette opération s’accompagne d’efforts diplomatiques tous azimuts et de tentatives de médiation, notamment de la part de Moscou. Le week-end dernier, le commandant des forces russes en Syrie, le général Alexandre Chaiko, s’est entretenu à Hassaké (nord-est de la Syrie) avec le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS, arabo-kurdes), Mazloum Abdi.

Selon des informations de la chaîne syrienne d’opposition Syria TV, Chaiko a transmis à son interlocuteur un “dernier avertissement” d’Ankara, déterminé à lancer l’offensive. Le général russe aurait en outre proposé aux FDS de se retirer des villes de Kobané, Manbij et Tal Rifaat et de céder la place aux forces russes et à l’armée du régime syrien.

En d’autres termes, comme l’écrit le quotidien panarabe Asharq Al-Awsat,d’“évacuer cette zone jusqu’à 30 kilomètres de distance de la frontière syro-turque pour éviter une opération militaire contre eux”.

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De son côté, Mazloum Abdi a exhorté Moscou, lors d’une conférence de presse, mardi 29 novembre, à faire pression sur Ankara, tout en déplorant la position “faible” de Washington, alliée des Kurdes et présente militairement dans cette région.

Selon le site Al-Monitor, “tout le personnel civil américain, dont les diplomates”présents à Hassaké, où se trouve une base commune aux Américains et aux FDS, a été évacué vers Erbil, capitale du Kurdistan irakien, après une frappe turque dans le périmètre de cette base, le 22 novembre.

Coup de pression de Téhéran sur Bagdad

Par ailleurs, le Premier ministre irakien s’est rendu mardi 29 novembre à Téhéran, où il s’est entretenu avec le guide suprême, Ali Khamenei, et le président iranien, Ebrahim Raïssi, au sujet des groupes iraniens kurdes basés en Irak et accusés par Téhéran d’armer et d’encourager la contestation en cours contre le pouvoir.

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Ces derniers jours, le gouvernement irakien, dirigé par Mohammad Chia El-Soudani, réputé proche de l’Iran, s’est engagé à déployer des forces dans la zone frontalière du Kurdistan irakien pour rassurer Téhéran. “Nous n’autoriserons aucune partie à utiliser le territoire irakien pour porter atteinte à la sécurité de l’Iran”, a déclaré le Premier ministre irakien à l’issue des entretiens, rapporte le quotidien irakien Az-Zaman.

En réaction à cette déclaration, un message a été publié sur le compte Twitter du guide suprême iranien, afin d’accroître la pression sur le chef du gouvernement irakien.

“Des tentatives de porter atteinte à la sécurité de l’Iran sont menées dans certaines régions d’Irak. La seule solution, c’est que le gouvernement central irakien étende son autorité à ces régions”.

Courrier International, 30 novembre 2022, Photo/Umit Bektas/Reuters

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