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YURT, un film turc. Une révélation !
… Le jeune héros que YURT met en scène est coincé dans un va et vient entre ces deux mondes antagoniques. Le jour il est scolarisé dans une école mixte, laïque, ouverte sur le monde (le film s’ouvre sur une classe d’anglais), le soir il rejoint un pensionnat de garçon (yurt) d’une confrérie islamique.
YURT, un film turc. Une révélation !
Nora Seni
Il fallait du courage au réalisateur Nehir Tuna, 38 ans, pour entreprendre son premier long-métrage dans une Turquie polarisée entre musulmans conservateurs et laïcs kémalistes. Il a pris le risque de déplaire aux spectateurs turcs des deux bords… Le jeune héros qu’il met brillamment en scène est coincé dans un va et vient entre ces deux mondes antagoniques. Le jour il est scolarisé dans une école mixte, laïque, ouverte sur le monde (le film s’ouvre sur une classe d’anglais), le soir il rejoint un pensionnat de garçon (yurt) d’une confrérie islamique. Les décors du vestiaire sombre où se déchaussent en hâte les pensionnaires et les scènes de dortoir sont filmés avec un tel réalisme qu’on a l’impression de respirer les odeurs des lieux, tandis qu’on regarde incrédule les rituels du matin à l’école laïque où, réunis sous le drapeau national, les élèves récitent en cœur les mantras kémalistes : « je suis turc, je suis droit… ». Ce balancement entre deux lieux, deux climats opposés et concurrents distribue les séquences du film, déroule l’intrigue et lui donne son rythme. « L’esthétique manifeste ce parti pris qui, durant une grande partie du film, dispense un magnifique noir et blanc, comme symbole du manichéisme régnant. » (Véronique Cauhapé, Le Monde)
Bien que l’action se situe dans la Turquie des années quatre-vingt-dix elle est tout à fait en phase avec l’actualité politique. N’a-t-on pas vu le pays entier retenir son souffle en suivant les élections locales du 31 mars dernier où les deux camps se sont mesurés.
C’est avec enthousiasme que le cinéma européen a accueilli ce film, lui consacrant le prix du meilleur scénario à la Mostra de Venise, le prix SFCC de la critique au festival de Saint Jean de Luz, le grand prix du jury au festival du premier film d’Annonay. A l’avant-première de sa sortie en salle à Paris Nehir Tuna, s’avouait flotter sur un petit nuage. Revenant sur l’aspect autobiographique de son film il semblait encore suffoquer en évoquant son envie de fuir le pensionnat religieux.
Nehir Tuna présente son film sorti en avant première à Paris, à l’Arlequin, le 3 avril 2024. Vidéo:Nora Seni