La Turquie et la Grèce rejoignent le projet de bouclier antimissile européen lancé par l’Allemagne / Laurent Lagneau / Zone Militaire

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Malgré leur appartenance à l’Otan, la Grèce et la Turquie ont le point commun d’avoir mis en service des systèmes russes de défense aérienne, à savoir le S-300 pour l’une et le S-400 pour l’autre.

Zone Militaire, le 16 février 2024

Dans le cas d’Athènes, les S-300 PMU-1 en question avaient été initialement commandés par la République de Chypre. Mais devant la réaction des autorités turques, qui affichèrent leur détermination à prendre « toutes les mesures nécessaires contre le surarmement » des Chypriotes grecs, ces batteries furent finalement livrées à la Grèce. En 2022, 12 lanceurs étaient encore opérationnels, ce qui n’a nullement empêché cette dernière de négocier l’achat de chasseurs-bombardiers américains F-35A. D’ailleurs, elle a récemment été autorisée à en acquérir 40 exemplaires.

En revanche, la Turquie n’a pas eu droit au même traitement. Ayant fait fi des mises en garde qui lui avaient été adressées par les États-Unis [et l’Otan], elle a maintenu sa commande de quatre batteries S-400, alors qu’elle aurait pu se procurer des systèmes Patriot et SAMP/T [sol-air moyenne portée / terrestre, encore appelé Mamba]. D’où son exclusion, décidée par l’administration Trump, du programme F-35. Cela étant, après avoir finalement donné son feu vert à l’adhésion de la Suède à l’Otan, Ankara a obtenu un « lot de consolation », avec la possibilité d’acquérir des F-16 Viper.

Quoi qu’il en soit, la Grèce et la Turquie pourraient bientôt renoncer à leurs batteries S-300 PMU-1 et S-400… En effet, le 15 février, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a annoncé que ces deux pays venaient de rejoindre le projet de bouclier antimissile européen, porté par Berlin dans le cadre de l’European Sky Shield Initiative [ESSI], lancée en octobre 2022 dans le cadre de l’Otan.

Pour rappel, l’ESSI consiste à développer un système de défense aérienne européen multicouche, via l’acquisition commune des capacités dédiés. Trois types de systèmes ont été retenus, dont l’IRIS-T SLM, produit par le groupe allemand Diehl Defense, l’Arrow-3, conçu par Israël avec l’appui des États-Unis, et le Patriot PAC-3 américain.

Le succès de l’ESSI a sans doute dépassé les attentes de l’Allemagne puisque 21 pays y adhèrent désormais, dont la Suisse et l’Autriche, qui ne font pas partie de l’Otan. Étant donné que le Patriot PAC-3 a été préféré au SAMP/T franco-italien, la France et l’Italie s’en tiennent à l’écart pour le moment.

« Cette initiative, menée par l’Allemagne, constitue une étape importante vers la satisfaction des exigences de l’Otan tout en garantissant l’interopérabilité entre les Alliés. La Turquie est prête à y contribuer grâce à son large éventail de capacités », a commenté Yaşar Güler, le ministre turc de la Défense. Faut-il en déduire qu’Ankara a l’intention de se séparer bientôt de ses batteries S-400? En tout cas, et comme l’a récemment souligné Victoria Nuland, la numéro deux de la diplomatie américaine, une telle décision lui permettrait de réintégrer le programme F-35…

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