Veille politique et électorale de la Turquie – Selmin Seda Coskun & Jean-Sylvestre Mongrenier/Institut Thomas More

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La Veille politique et électorale de la Turquie de l’Institut Thomas More est un outil mensuel de suivi et d’analyse de l’actualité politique turque dans la perspective de l’élection présidentielle de 2023. Elle est rédigée en anglais et en français et est composée de trois parties : prévisions électorales ; agenda politique (comprenant des questions politiques intérieures, économiques et socio- politiques) ; analyse. La Veille N°1 couvre la période allant du 1er au 30 septembre 2022. 

Part 1. Derniers sondages et prévisions électorales 

Cette section présente des prévisions électorales régulièrement réalisées par différents instituts de sondage turcs pendant la période couverte par la veille.

« Enquête sur l’agenda politique », AREA Research, septembre 2022

55 % des personnes interrogées jugent la politique du gouvernement insatisfaisante; 29,9 % la jugent satisfaisante ; 15,2 % ne se prononcent pas.

20,2 % des personnes interrogées sont satisfaites par la politique économique du gouvernement; 66,9 % ne sont pas satisfaites ; 12,9 % ne se prononcent pas.

A la question de savoir pour quel parti les personnes interrogées voteraient si les élections législatives avaient lieu aujourd’hui, 24,6 % répondent AKP* (1); 22,2 % répondent CHP* ; 12,3 % répondent IYi Parti* ; 8,8 % répondent HDP*; 7,1 % répondent MHP*; 2,5 % répondent Deva* ; 4,4 % répondent d’autres partis ; 18,1 % ne se prononcent pas. En répartissant les sondés indécis, on prédit 30 % pour l’AKP et 27 % pour le CHP.

Selon les prévisions de l’organisme, les résultats correspondent à l’Alliance républicaine* (AKP et MHP, Cumhur İttifakı en turc) avec 38,7 %; l’Alliance nationale* (CHP et IYI Parti) avec 42,1 %; le HDP avec 10,7 %; le Parti Deva, le Parti Gelecek, le Parti Saadet et le Parti démocrate avec 5,3%; les autres avec 3,2 %.

Dans l’hypothèse d’un référendum sur le système de gouvernement de la Turquie, 53,3 % déclarent que cela devrait être un « système parlementaire renforcé ». Alors que 29,6 % estiment que cela devrait plutôt être un « système de gouvernement présidentiel », 17,1 % sont indécis. Lorsqu’on associe les indécis et les partisans d’un « système parlementaire renforcé », le taux est de 64,3%, alors que pour les partisans d’un « système de gouvernement présidentiel », cela représentent 35,7 %.

En ce qui concerne le comportement électoral lors de l’élection présidentielle, 31,9 % déclarent voter pour Recep Tayyip Erdogan. Parmi ceux qui ont déclaré qu’ils voteraient pour son adversaire sans tenir compte de son identité, le taux est de 30,9 %, le taux de ceux qui ont déclaré que leur préférence de vote changerait en fonction de l’adversaire est de 29,4 % et le taux de ceux qui pensent qu’ils n’iront pas aux urnes est de 7,8 %.

Dans le scénario où le candidat commun de l’opposition à l’élection présidentielle est Kemal Kılıçdaroğlu, l’actuel président du CHP, 31,8 % déclarent voter pour Recep Tayyip Erdoğan, 36,5 % pour Kemal Kılıçdaroğlu, et le taux d’électeurs indécis (les « swing voters ») représente 15,3 %. Quant aux personnes déclarant qu’ils n’iraient pas aux élections, cela constitue 16,3 %. Ainsi, selon ces chiffres, le taux de vote de Kılıçdaroğlu atteint le niveau le plus élevé de ces deux dernières années.

Sur le plan de l’identité socio-politique des personnes interrogées dans le cadre de l’enquête menée, la répartition est la suivante : kemalistes 32,7 %; nationalistes 32,6 %; conservateurs 17,4 %; sociauxdémocrates 17,3 %.

Sondage réalisé par ORC Research Company, 17-21 septembre 2022

Si les élections avaient lieu cette semaine, la tendance des électeurs sur la base des partis politiques serait la suivante : AKP 30,6%; CHP 24,8 %; le parti IYI 19,4%; HDP 7,1 % ; MHP 6 %. En examinant le total des votes des partis sur la base de l’alliance, nous observons que l’Alliance nationale atteint 44,2 % des votes.

Selon les personnes sondées, le problème le plus important de la Turquie est la crise économique (48,3 %), le chômage (17,7 %), les réfugiés (15,7 %), l’éducation (5,1 %), la justice (3,8 %), la liberté (3,1 %), le terrorisme (2,2%) et autres sujets (4,2 %).

Alors que 64,3 % des personnes ayant répondu à l’enquête pensent que le système judiciaire turc n’est pas indépendant, le taux de ceux qui pensent que le système judiciaire est indépendant est de 21,6 %. 15 % des personnes interrogées n’ont pas exprimé d’opinion.

Le taux de ceux qui pensent que la politique étrangère est un succès est de 41,4 %, contre 25,3 % estimant que la politique étrangère est menée de manière infructueuse.

Enquête menée par Turkey Report sur les crises économiques actuelles, septembre 2022

55 % des personnes interrogées pensent que l’économie va s’aggraver l’année prochaine, contre 24 % considérant que l’économie va s’améliorer et 21 % pensent que les perspectives économiques ne changeront pas.

Part 2. Agenda politique

Cette section propose de courtes analyses sur l’actualité politique, économique et sociale en Turquie dans la perspective de l’élection présidentielle de 2023.

Une évaluation de l’impact possible de l’Alliance pour le travail et la liberté sur la vie politique turque

Il existe actuellement deux alliances politiques en Turquie concernant l’élection prévue en juin 2023 : l’alliance au pouvoir, appelée Alliance républicaine (Cumhur İttifakı), comprenant le Parti de la justice et du développement (AKP) et le Parti du mouvement nationaliste (MHP); et l’alliance de l’opposition Table des Six* (Altılı Masa), appelée de facto Alliance nationale (Millet İttifakı), comprenant le Parti républicain du peuple (CHP), le Parti IYI, le parti de la félicité (Saadet Partisi, SP*), le Parti démocrate (DP*), le Parti DEVA et le Parti du futur (Gelecek Partisi). L’Alliance pour le travail et la liberté » (Emek ve Özgürlük İttifaki), composée du Parti démocratique des peuples (HDP), du Parti du travail (TİP*), du Parti travailliste (EMEP*), du Parti de la liberté sociale (TÖP), du Parti du mouvement travailliste (EHP) et de la Fédération des assemblées socialistes (SMF), a été officiellement annoncée le 24 septembre en offrant une troisième voie pour la renaissance d’une vie politique démocratique. Aujourd’hui, le débat le plus brûlant est de savoir si cette « troisième voie » sera le trouble-fête de l’électorat de l’opposition ou un complément à cette Alliance nationale ?

L’Alliance pour le travail et la liberté a déclaré que son principe fondamental est de changer toutes les institutions, tous les mécanismes et toutes les relations de dépendance qui soutiennent et alimentent le système de l’homme unique. Définissant la question kurde comme l’un des problèmes les plus fondamentaux que la Turquie doit résoudre, il vise à abolir le seuil électoral (7 % actuellement), à faire le plus large usage possible des droits démocratiques et des libertés politiques ainsi qu’à établir un système judiciaire démocratique, impartial et indépendant. Chaque membre de cette alliance constitue l’aile gauche de la politique turque, et leur électorat ne dépasse pas 1 % si l’on ne tient pas compte du HDP qui bénéficie d’environ 12 % selon les derniers sondages. Cependant, selon certains, la potentielle totalité de voix de cette alliance pourrait aller au-delà d’un simple calcul mathématique.

En premier lieu, l’établissement de l’Alliance pour le travail et la liberté repose sur une base pragmatique. Les idées et valeurs de cette alliance, composée de partis de gauche, sont assez proches les unes des autres. De ce point de vue, l’Alliance pour le travail et la liberté constitue une formation politique plus homogène que l’Alliance nationale ayant du mal à trouver un langage commun destiné à un large spectre politique parmi la gauche, la droite, le kémalisme et le conservatisme. Étant donné que l’Alliance pour le travail et la liberté s’est fait une place dans la gauche turque, ces forces politiques complémentaires pourraient créer une synergie positive et leur potentiel électoral s’élever jusqu’à 15 %. Toutefois, compte tenu de l’inclinaison limitée de la société turque pour les politiques de gauche, il convient de noter que les suffrages potentiels envers l’Alliance pour le travail et la liberté pourraient être limités, même si dans les grandes villes, elle est capable d’attirer plutôt des électeurs du CHP.

Un autre facteur à intégrer est l’importance des électeurs kurdes dans la politique turque. Lors des élections municipales de 2018 à Istanbul, les votes kurdes ont constitué une dynamique importante qui a porté Ekrem İmamoğlu, un candidat du CHP, à la mairie. La participation du HDP à l’Alliance pour le travail et la liberté pourrait signifier la perte du vote kurde pour l’Alliance nationale. Néanmoins, un point mérite d’être souligné. L’Alliance du travail et de la liberté ne signifie pas seulement le HDP ; en effet les électeurs kurdes ne sont pas monopolisés par le HDP. Par exemple, le 25 septembre, le leader du parti DEVA, Ali Babacan (ancien ministre de l’Économie et des Affaires étrangères de l’AKP de 2002 à 2015), a organisé un rassemblement très réussi à Siirt (dans la région de l’Anatolie du sud-est), une ville qui compte un important électorat kurde, où le CHP et le parti IYI n’ont reçu que très peu de voix. Les votes s’y sont répartis entre l’AKP et le HDP. Désormais, une partie des votes de l’AKP pourrait être transférée à l’Alliance nationale par le biais du parti DEVA.

Afin d’empêcher ce transfert de voix, l’AKP accuse l’Alliance nationale de collaborer avec le HDP. Cela dit, la participation du HDP à une autre coalition gêne l’accusation de « collaboration avec les terroristes >> lancée contre l’Alliance nationale. Le grand argument de l’alliance AKP-MHP (l’Alliance républicaine) sera pourtant de continuer à prétendre qu’il existe une alliance secrète entre le CHP-HDP. La principale question ici est de savoir comment l’Alliance pour le travail et la liberté agira lors de l’élection présidentielle. En fait, il n’y a pas encore d’information sur la question de savoir si elle présentera son propre candidat à la présidence ou soutiendra le candidat de l’Alliance nationale. Cependant, cette situation bouleverse tous les calculs.

En résumé, il est trop tôt pour évaluer si l’Alliance pour le travail et la liberté restera une simple coalition électorale ou si elle structurera la gauche turque et se transformera en une alliance à long terme. Cependant, il est nécessaire de souligner un point très important dans le contexte des élections de 2023. Si les scores électoraux du HDP sont confirmés, non seulement lors de l’élection présidentielle mais aussi lors de l’élection parlementaire, et si la nouvelle alliance entraîne une montée en puissance électorale, ni l’Alliance nationale ni l’Alliance nationale ne seront majoritaires au parlement. Dans une telle situation, le seul moyen pour toute opposition de gouverner sera de s’appuyer sur le vote des Kurdes et de la gauche. Pour cette raison, il est déjà prévu qu’il puisse y avoir des « coalitions hybrides » parmi les alliances en fonction de la répartition des sièges après les élections.

L’expérience politique d’Erdogan confrontée à l’économie

Alors qu’une crise énergétique et une possible récession, frappent l’Europe, qui représente une part importante des exportations de la Turquie, le dollar se renforce, les prix des matières premières augmentent et la pression sur l’économie turque s’accroît. Le taux d’inflation annuel était récemment de 83 %. L’OCDE indique également que l’économie turque, qui est entrée en hyperinflation, se classe au premier rang en Europe et dans le Top 5 mondial en matière de hausse des prix. Si Erdogan pointe du doigt le problème de l’inflation mondiale, il affirme que l’économie turque s’améliorera en février-mars 2023. D’autre part, les partis d’opposition espèrent qu’une économie plus fragile incitera les citoyens à modifier leur vote. Selon les sondages réalisés jusqu’à présent, l’AKP parvient à se maintenir autour de 30 %. La part du vote d’Erdoğan lors de l’élection présidentielle n’est pas descendue en dessous de 40 % pour le moment. Dès lors, comment expliquer la relation entre l’économie et la dynamique électorale en Turquie ?

Il faut tout d’abord reconnaître à Erdoğan son long savoir-faire en matière d’équilibrisme, entre les indicateurs économiques et l’atmosphère électorale. Fondée sur une combinaison entre des taux d’intérêt bas, un taux d’emploi élevé et un niveau de consommation soutenu par l’Etat-providence, une sorte d’« économie électorale >> a permis à Erdogan de franchir des moments critiques. Pendant le marathon des élections-référendums de 2010 à 2018, il a même vu que les électeurs non partisans continuaient à le soutenir grâce à ce type de politique économique, pensée et conçue à des fins électorales.

Malgré son impact négatif sur l’inflation, Erdogan a jusqu’à présent utilisé la politique de taux d’intérêt bas de manière pragmatique. En effet, selon les économistes, la Turquie paie par une contraction de son économie la tolérance temporaire d’Erdogan à l’égard de la politique de taux d’intérêt élevés. L’impact négatif de la contraction économique sur la société signifie une perte de voix pour le gouvernement. En effet, les experts estiment que c’est la raison économique pour laquelle plus de la moitié de la population du pays, y compris Istanbul et Ankara, a voté pour l’opposition lors des élections locales. Et malgré une inflation élevée cette année, Erdogan est revenu à une politique de taux d’intérêt bas, et le 18 août, le comité de politique monétaire de la Banque centrale a décidé de réduire le taux directeur à 13 %. Erdogan a été récompensé pour cette politique par la croissance de l’économie et une baisse du chômage à environ 10 %, soit le niveau le plus bas depuis mai 2018. En outre, selon le rapport de l’Institut de statistique turc (TUIK), l’économie turque a progressé de 7,6 % au deuxième trimestre, contre une croissance de 7,5 % au premier trimestre. Malgré cette croissance, la part des revenus du travail dans le PIB est passée de 32,6 % à 25,4 %, tandis que la part du capital est passée de 49,2% à 54% au cours de la même période. En conséquence, le fait que l’AKP occupe toujours la première place est étroitement lié au maintien de taux d’intérêt bas, à la réduction du chômage et à la préservation de l’emploi.

Selon certains économistes. Erdogan mène depuis plusieurs années une politique économique « populiste », car les électeurs ne tiennent compte que de la dernière année pour évaluer les performances économiques des gouvernements et accordent bien plus de poids à la croissance qu’à l’inflation. Les promesses annoncées par Erdogan ces derniers jours sont des exemples de ces politiques. Il s’agit notamment de réduire ou de reporter certains impôts, d’annuler les pénalités financières et même certaines dettes, d’augmenter les prestations sociales et les subventions agricoles, de créer de nouveaux emplois et de faire preuve de générosité en augmentant le salaire minimum, les salaires des fonctionnaires et des retraités, en accordant des prêts à faible taux d’intérêt aux banques d’État, en accélérant la construction de routes et de ponts et en lançant de nouveaux projets pour créer des emplois. Ainsi, pendant une courte période, les gouvernements augmentent directement et indirectement le revenu d’une grande partie de la population. Cependant, selon certains, si l’économie électorale, utilisée pendant une courte période, permet de gagner des voix pour les gouvernements, elle peut aussi conduire à une crise économique, une forte inflation et du chômage. D’ailleurs, nous estimons que les sept dernières élections et un référendum ont joué un rôle important dans la détérioration de l’économie turque. Les élections de 2023 montreront si le grand pari d’Erdogan d’appauvrir le potentiel de croissance à long terme tout en préservant l’emploi à court terme, sera payant.

La liberté de pensée et d’expression en Turquie en chiffres

Le Turkey Report indique que la liberté d’expression, l’un des principaux fondements de la démocratie, et recule de plus en plus en Turquie. Plusieurs faits récents ont amené une partie de la société à réfléchir à cette question. D’abord, un acte d’accusation a été initié contre le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, au motif qu’il aurait insulté les membres du Conseil électoral suprême alors qu’il parlait de l’annulation et de la répétition de l’élection de la municipalité métropolitaine d’Istanbul du 31 mars 2019. Le procès judiciaire d’Imamoğlu, toujours en cours, a été reporté au 11 novembre. Il est précisé qu’Imamoglu peut être interdit de politique s’il est reconnu coupable. Ensuite. la chanteuse Gülşen (Bayraktar Çolakoğlu) a été arrêtée le 25 août pour « incitation ou insulte à la haine et à l’hostilité », après avoir tenu des propos dits insultants et calomnieux à l’égard des lycées imam hatip lors d’un concert, en avril dernier. Gülşen poursuit sa peine en résidence surveillée. L’opposition peut-elle donc véritablement exprimer librement ses opinions en Turquie ? Evaluons cela en examinant les résultats d’études dans les années passées, tant en Turquie qu’à l’étranger.

Selon les résultats de l’enquête menée par le centre Istanbul Economy Research (2-5 septembre 2022), les personnes interrogées pensent qu’il existe une différence significative entre les classes socioéconomiques en termes de liberté d’expression. La majorité (60 %) pense que les groupes à faibles revenus ne sont pas libres d’exprimer leurs opinions. Les segments de la société qui sont perçus comme étant les plus libres d’exprimer leurs opinions sont : ceux qui soutiennent le gouvernement (66%), les groupes à hauts revenus (63%) et les conservateurs religieux (51%). Lorsque nous analysons les groupes d’électeurs, des résultats intéressants apparaissent. 40 % des électeurs du HDP pensent que les « religieux conservateurs >> ne sont pas libres du tout. En revanche, parmi les électeurs des partis de l’Alliance républicaine, le taux de ceux qui pensent que les « religieux conservateurs » sont libres d’exprimer leurs opinions est assez élevé. Alors que ce taux est de 43% chez les électeurs de l’AKP, il est de 51 % chez ceux du MHP. La majorité des électeurs de l’AKP et du MHP pensent que le groupe social laïque/moderne est «très libre » d’exprimer ses opinions.

La Direction générale des archives et des statistiques judiciaires du ministère de la Justice publie chaque année des données chiffrées sur la justice. Au 1er juin 2021, selon les dernières statistiques publiées pour 2019, 36 066 enquêtes ont été ouvertes en vertu de l’article 299 du code pénal turc, et 11 371 d’entre elles ont été décidées pour le dépôt d’une affaire publique.

Quant aux évaluations menées en dehors de la Turquie, alors que la Turquie occupait la 87ème place de l’indice mondial de la démocratie en 2012, elle a reculé à la 103ème place en 2021 dans le rapport du Democracy Index. Selon le rapport 2020 de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), la Turquie est le pays où la liberté d’expression et de pensée a été le plus violée en 2020, comme en 2019. Dans le rapport 2020 de Freedom House, la Turquie occupe la 146e place du classement des 195 pays en matière de liberté et figure dans la catégorie des « pays non libres ». Selon une enquête du Pew Research Center, la Turquie est l’un des pays où la demande de liberté a le plus augmenté au cours des cinq dernières années. Alors que les opinions favorables à la liberté d’expression en Turquie étaient de 43 % en 2015, nous observons une augmentation de 22 points pour atteindre 65 % en 2019.

Part 3. Analyse

Cette section propose l’analyse approfondie d’un thème d’actualité particulièrement important dans la perspective de l’élection présidentielle de 2023.

La perception de la politique étrangère par l’opinion publique turque

L’un des arguments les plus importants utilisés par l’AKP récemment concerne le discours de « victoire diplomatique ». En pleine guerre Russie-Ukraine et face à une Europe confrontée à la crise énergétique, le rôle de la Turquie dans la création d’un « corridor céréalier >> sa capacité à maintenir sa position de pays capable de « parler aux deux parties », alors que l’Europe est confrontée à une crise énergétique sont considérés comme des motifs de cette victoire diplomatique. D’autre part, l’agenda de la politique étrangère est élaboré par des dynamiques telles que des démarches de normalisation avec Israël et des tensions croissantes avec la Grèce. Dans ce contexte, en cette année électorale, il sera sans doute présenté aux électeurs que « la Turquie est devenue un centre de pouvoir mondial au sein d’un nouvel ordre international et que cela aura un impact positif sur l’économie ». Cependant, qu’apportent réellement les mesures de politique étrangère de l’AKP ? Le rapport sur la perception de l’opinion publique en matière de politique étrangère, réalisé par l’université Kadir Has, recèle de nombreux indices à cet égard.

Selon l’opinion publique turque concernant la guerre Russie-Ukraine, la politique expansionniste de la Russie et son désir de contrôler l’Ukraine sont considérés comme les principales raisons de la guerre (33 %), suivies par le désir de l’Ukraine d’adhérer à l’OTAN (28%) et la menace de l’OTAN envers la Russie (19 %). L’attaque contre l’Ukraine a sans aucun doute porté atteinte à l’image de la Russie dans l’opinion publique turque. Par rapport à l’année dernière, la part des personnes interrogées déclarant que la Turquie et la Russie sont des partenaires stratégiques a reculé de 32 % à 19 %. En outre, ceux qui affirment que la Turquie devrait développer une coopération stratégique avec la Russie a reculé de 29% à 20%. En ce qui concerne les principaux problèmes entre la Turquie et la Russie, ceux qui considèrent le soutien de la Russie aux forces du PYD/YPG en Syrie comme un problème est monté de 32 % à 52 % cette année. Par ailleurs, selon l’opinion publique turque, les désaccords avec la Russie sur la sécurité et la stabilité dans la région de la mer Noire, les républiques d’Asie centrale, l’avenir de la Crimée, l’Ukraine et la Syrie se sont considérablement accrus. Dans le rapport, les électeurs du CHP se distinguent comme étant les plus favorables à la coopération avec la Russie.

Le soutien de l’opinion publique à l’installation de missiles S-400 achetés à la Russie a également reculé, de 47 % à 34 %. Cependant, un point intéressant apparaît lorsque l’on regroupe les électeurs par parti politique. Malgré l’opposition des États-Unis et de l’OTAN à l’achat de systèmes d’armes à la Russie, et en dépit de la menace de sanctions américaines contre la Turquie, le MHP (45 %) est le parti qui compte le plus grand nombre d’électeurs favorables aux installations S-400 de la Turquie tandis que le CHP (37 %) et l’AKP (35 %) arrivent respectivement en deuxième et troisième position. Il est intéressant de constater que les électeurs du CHP sont plus nombreux que ceux de l’AKP à soutenir le projet signé par l’AKP. Toutefois, l’administration du CHP souligne qu’elle n’utilisera pas les S-400 dans le cas de son accession au pouvoir.

Les États-Unis occupent la première place parmi les pays qui représentent une menace pour la Turquie (43 %). Selon l’opinion publique turque, le problème le plus important entre les Etats-Unis et la Turquie est la divergence d’approche dans la lutte contre le terrorisme dans le cadre de la politique kurde des États-Unis en Syrie. De surcroît, la certitude que ces problèmes disparaîtront cette année est en net recul. En revanche, le rapport indique que la plupart des personnes interrogées (40 %) pensent qu’il faut coopérer de plus en plus avec les Etats-Unis en matière de politique étrangère, soit une augmentation de 8 points par rapport à l’année dernière. De plus, le nombre de ceux qui pensent que les Etats-Unis et la Turquie sont des partenaires stratégiques a augmenté de 14 à 27 %. À cet égard, l’opinion publique donne une indication de ce que serait la position de la Turquie en dernière analyse, lorsque la politique actuelle d’équilibre entre la Russie et l’Occident atteindra un point où elle ne pourra plus être maintenue. En fonction des partis, ce sont surtout les électeurs du CHP qui définissent les États-Unis comme un partenaire stratégique, tandis que les électeurs du HDP sont les plus susceptibles de décrire les États-Unis comme un pays peu fiable.

D’après l’opinion publique turque, les autres pays qui constituent une menace pour la Turquie sont Israël (42 %), la Grèce (34 %), la Russie (30 %) et la Chine (22 %). Cette année, des mesures de normalisation ont été prises dans les relations avec Israël. Après 4 ans, un ambassadeur turc est nommé à Tel-Aviv. Il semble que ces mesures de normalisation ne profitent pas trop aux électeurs de l’AKP, puisque les électeurs du CHP sont les plus favorables aux mesures de normalisation avec Israël (46 %), tandis que les électeurs du MHP sont les moins favorables (22 %), le soutien des électeurs de l’AKP n’est que de 22 %. En revanche, à la question de savoir si la Turquie devrait s’efforcer d’améliorer ses relations avec les pays avec lesquels elle a eu des problèmes, c’est l’Egypte qui a reçu le plus d’attention de l’opinion turque.

Quant aux relations avec la Grèce, avec qui les relations sont tendues depuis le mois d’août, les résultats du sondage ne disent pas grand-chose. Il n’est pas difficile de deviner que l’opinion publique a de plus en plus l’impression que la Grèce est devenue une menace en Méditerranée en raison de l’armement de ses îles. Néanmoins, il est possible de lire de nombreux commentaires selon lesquels les deux pays pourraient bénéficier de cette tension lors d’une année électorale. Cette année semble être une année très active entre les deux pays.

Une autre question à l’ordre du jour politique de la Turquie cette année est la nouvelle opération militaire en Syrie et l’ouverture de voies de dialogue avec le régime de Damas. Il est difficile de dire si ces approches politiques sont fort appréciées par le public. L’année dernière, le problème le plus important de la politique étrangère turque était la lutte contre le terrorisme en Syrie (24 %). Cette année, ce problème a reculé à 15 %. Le taux de personnes interrogées qui considèrent que la politique syrienne de la Turquie est un succès a également diminué de 6 points (29,5 %). Par contre, aucune différence significative n’est observée dans le nombre de personnes interrogées qui pensent que la Turquie devrait améliorer ses relations avec le régime d’Assad, soit près de 4 %.

D’autre part, selon le rapport sur la perception publique turque de la politique étrangère, le problème de politique étrangère le plus important auquel la Turquie devrait être confrontée au cours de la prochaine décennie concerne l’impact de la guerre en Syrie sur la Turquie. Quant à la crise économique, dont le peuple turc souffre le plus aujourd’hui, elle arrive en deuxième rang. Cela signifie que l’électorat croit que cette mauvaise situation économique est temporaire et que des résultats concrets et positifs se feront bientôt sentir. Par contre, le problème des migrants syriens continue de croître. La satisfaction à l’égard des migrants syriens a reculé de 22,6 à 17,8 % cette année. Alors que toute l’opposition soutient que des mesures doivent être prises pour que les réfugiés syriens soient rapatriés, le gouvernement AKP est également conscient de ce problème croissant. De fait, l’éventuel dialogue avec le régime de Damas repose notamment sur l’idée que des mesures sont prises pour procéder au rapatriement des réfugiés.

Les récents développements en politique étrangère ont suscité des discussions sur la question de savoir si les autorités turques s’éloignent de l’Occident. Même lorsque la Russie a déclaré la mobilisation et changé le cadre de la guerre, la prudence d’Erdogan dans ses propos envers la Russie et sa rhétorique envers l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) justifient ces critiques. La participation du président Erdogan à l’OCS, à Samarkand, le 16 septembre, a suscité des remous, puisque M. Erdogan a déclaré que l’objectif ultime était de devenir membre à part entière de cette organisation. Toutefois, selon le rapport, l’Organisation de coopération de Shanghai n’attire qu’une petite partie de la population turque (10 %). Compte tenu de l’impossibilité technique pour la Turquie de devenir membre de l’Organisation de coopération de Shanghai sans quitter l’OTAN, il n’est pas facile de dire que la rhétorique d’Erdogan aura un quelconque impact sur la politique étrangère réelle à court terme, nisur l’augmentation des votes pour son parti.

En effet, les sondages d’opinion montrent que si la préférence du gouvernement est véritablement de se déplacer vers l’Est, le soutien en ce sens ne serait pas aussi élevé que prévu. L’opinion publique turque est majoritairement favorable à ce que la Turquie accroisse son influence en Europe. Toutefois, le soutien à une éventuelle adhésion de la Turquie à l’UE a reculé de 59 % à 54 % par rapport à l’année dernière. Les électeurs du CHP sont les plus favorables à cette adhésion, tandis que les électeurs du MHP sont les moins favorables. D’autre part, alors que la guerre en Ukraine continue, le statut de la Turquie au sein de l’OTAN est l’une des questions les plus importantes pour l’opinion publique. Le nombre de personnes interrogées favorables à la poursuite de l’adhésion de la Turquie a augmenté de 4 points (60 %) par rapport à l’année dernière.

Finalement, il convient de noter qu’il existe une différence dans la trajectoire de la politique étrangère et le positionnement identitaire de la Turquie par rapport à l’année dernière. Le taux de ceux qui considèrent la Turquie comme un pays européen était d’environ 41 % l’année dernière, alors que cette année il est de 29 %. D’autre part, le taux de ceux qui considèrent la Turquie comme un pays du Moyen-Orient a augmenté de 17 % l’année dernière à 25 % cette année. Les électeurs du CHP sont les plus susceptibles de penser que la Turquie est un pays de l’UE, tandis que les électeurs de l’AKP sont les plus susceptibles de penser que la Turquie est un pays du Moyen-Orient.

En résumé, ce rapport décrit plus ou moins l’impact de la ligne de politique étrangère du gouvernement, entré en période électorale, sur le comportement de vote de l’électorat. Toutefois, s’il n’est pas possible de comprendre ou de prévoir ce que la Turquie vise et entend faire sur la scène internationale à l’heure actuelle, il n’est pas non plus facile de savoir comment cela se reflète dans les perceptions et les opinions de l’électorat. En effet, à part un groupe d’électeurs partisan invétéré des politiques de l’AKP, personne ne semble tenir compte des préférences de l’AKP sur le plan de la politique étrangère. Il serait donc plus réaliste de dire qu’en cette dernière année électorale, le gouvernement AKP est plus préoccupé par la consolidation de sa base électorale que par les délicats équilibres en termes de politique étrangère.

Glossaire

AKP, Adalet ve Kalkınma Partisi (Parti de la Justice et du Développement). Le parti est au pouvoir en Turquie depuis 2002, fondé par l’actuel président Recep Tayyip Erdoğan. On peut définir l’idéologie du parti, situé à droite, comme favorable à une démocratie conservatrice et au conservatisme social. Il défend le néo-Ottomanisme et peut être qualifié d’islamiste. Il est. Il dispose actuellement de 286 députés et fait partie de l’Alliance Républicaine (Cumhur İttifakı). Dirigeant: Recep Tayyip Erdogan.

Alliance Nationale, Millet İttifakı. Alliance électorale formée en mai 2018 qui réunit les partis suivants : CHP, DP, IYI Parti et SP.

Alliance Républicaine, Cumhur İttifakı. Alliance électorale formée en février 2018 qui réunit les partis suivants : AKP et MHP.

Alliance pour le Travail et la Liberté, Emek ve Özgürlük İttifakı. Alliance électorale formée en septembre 2022 qui réunit les partis suivants : EHP, EMEP, HDP, SMF, TIP et TÖP.

CHP, Cumhuriyet Halk Partisi (Parti républicain du Peuple). Fondé en 1923 sous la direction du fondateur de la République Mustafa Kemal Atatürk, il défend la doctrine du kémalisme et de la démocratie sociale. Il est aujourd’hui progressiste et pro-européen, favorable au socialisme démocratique et au renforcement du parlementarisme. Il se situe au centre-gauche et constitue le premier parti d’opposition. Il dispose actuellement de 134 députés. Fait partie de l’Alliance Nationale (Millet İttifakı). Dirigeant: Kemal Kılıçdaroğlu.

DEVA, Demokrasi ve Atılım Partisi (Parti de la Démocratie et du Progrès). Fondé en 2020 sous la direction d’Ali Babacan, qui a été ministre des Affaires étrangères et de l’Économie pendant treize ans de gouvernement AKP. Il est favorable au conservatisme libéral, au libéralisme social, au renforcement du parlementarisme et il pro-européen. Il se situe au centre-droit. Il a actuellement 1 député et fait partie de la Table des six/Alliance Nationale (Millet İttifakı). Dirigeant : Ali Babacan.

DP, Demokrat Parti (Parti démocrate). Fondé en 2007, lorsque le Doğru Yol Partisi (DYP) a changé de nom et de logo, il se situe au centre-droit dans le but de rassembler la droite turque sous un même toit. C’est un petit parti, qui ne dispose actuellement que de 2 députés et qui fait partie de l’Alliance Nationale (Millet İttifakı). Dirigeant : Gültekin Uysal.

EHP, Emekçi Hareket Partisi (Parti du Mouvement travailliste). Fondé en 2004, il s’agit d’un parti marxiste-leniniste et vise à abolir le système de propriété privée. Il se situe à l’extrême-gauche et fait partie de l’Alliance pour le Travail et la Liberté (Emek ve Özgürlük İttifakı).

EMEP, Emek Partisi (Parti du Travail). Parti marxisteleniniste fondé en 1996, il prône la dictature du prolétariat et la démocratie populaire par le biais du pouvoir de la classe ouvrière (prolétariat). Il se situe à l’extrême gauche et fait partie de l’Alliance pour le Travail et la Liberté (Emek ve Özgürlük İttifakı).

Gelecek Partisi (Parti du Futur). Fondé en 2019 par Ahmet Davutoğlu, ancien ministre des Affaires étrangères et ancien Premier ministre de l’AKP. II défend le conservatisme libéral et le système parlementaire renforcé. Il se situe à droite. Il n’a actuellement aucun député au parlement et fait partie de la Table des six. Dirigeant : Ahmet Davutoğlu.

HDP, Halkların Demokratik Partisi (Parti démocratique des Peuples). Fondé en 2012, issu du mouvement politique kurde. La plupart de ses anciens dirigeants sont actuellement emprisonnés pour des accusations de terrorisme. Il se situé au gauche. Il dispose actuellement de 56 députés et fait partie de l’Alliance pour le Travail et la Liberté (Emek ve Özgürlük İttifakı). Dirigeants : Mithat Sancar et Pervin Buldan.

IYI Parti (Le bon Parti). Fondé en 2017 par des dissidents du MHP qui ont quitté le parti après sa coopération avec l’AKP. Il est favorable au kémalisme, au nationalisme turc, à la démocratie libérale, au conservatisme libéral, à l’intégration européenne et au renforcement du parlementarisme. Il se situe au centre droit. Il compte actuellement 37 députés et fait partie de l’Alliance Nationale (Millet İttifakı). Dirigeant : Meral Akşener.

MHP, Milliyetçi Hareket Partisi (Parti du Mouvement nationaliste). Fondé en 1969, représentée au parlement par 48 députés qui soutiennent le gouvernement actuel, il s’agit d’un parti politique d’extrême-droite, ultra-nationaliste et eurosceptique. Il fait partie de l’Alliance Républicaine (Cumhur İttifakı). Dirigeant : Devlet Bahçeli.

SMF, Sosyalist Meclisler Federasyonu (Fédération des Assemblées socialistes). Il s’agit d’une organisation socialiste qui se présente comme anti-capitaliste, antimpérialiste, anti-fasciste et anti-sexiste. Il fait partie de l’Alliance pour le Travail et la Liberté (Emek ve Ozgürlük İttifakı).

SP, Saadet Partisi (Parti du Bien-être). Fondé en 2001, le parti est un parti islamiste, favorable au nationalisme religieux, au conservatisme social, au néo-Oottomanisme et au renforcement du parlementarisme. Il se situe à l’extrême-droite et fait partie de l’Alliance Nationale (Millet İttifakı). Dirigeant : Temel Karamollaoğlu.

Table des Six, Altılı Masa. Partenariat entre six partis d’opposition (les quatres partis de l’Alliance nationale ainsi que Deva et le Gelecek Partisi) qui se sont réunis pour défendre un système parlementaire renforcé.

TIP, Türkiye İşçi Partisi (Parti des Ouvriers turcs). Fondé en 1961, il fut le premier parti socialiste représenté au parlement, interdit après les coups d’État de 1971 et 1980. Refondé en 2017, il est sur une ligne socialiste, marxiste-leniniste et défenseur d’un populisme de gauche. Il se situé à l’extrême gauche. Il a actuellement 4 députés et fait partie de l’Alliance pour le Travail et la Liberté (Emek ve Özgürlük İttifakı). Dirigeant : Erkan Baş.

TÖP, Toplumsal Özgürlük Partisi (Parti de la Liberté sociale). Parti fondé en 2020 et défendant le marxisme-leninisme, le communisme, le socialisme et se situant à l’extrême gauche. Il fait partie de l’Alliance pour le Travail et la Liberté (Emek ve Özgürlük İttifakı).


Selmin Seda Coskun est chercheur associé à l’Institut Thomas More. Titulaire d’une licence de relations internationales et d’un master en économie internationale, elle est docteur en sciences politiques (Université d’Istanbul, 2019). Auteur de Vekalet Savaşları ve Çözümü Zor Sorunlardaki Yeri : Lübnan İç Savaşı Örneği [La guerre par procuration dans les conflits internationaux. L’exemple de la guerre civile libanaise] (Ankara, Nobel Bilimsel Eserler, 2021), elle est chroniqueur international pour le site Dokuz8News. Désormais installée à Paris. elle poursuit des études spécialisées sur la géopolitique du cyberespace à l’Institut Français de Géopolitique (Université Paris VIII) et enseigne les sciences politiques à l’Institut Catholique de Paris. Elle a rejoint l’Institut Thomas More en novembre 2021.

Jean-Sylvestre Mongrenier est chercheur associé à l’Institut Thomas More. Il est titulaire d’une licence d’histoiregéographie, d’une maîtrise de sciences politiques, d’un Master en géographie-géopolitique. Docteur en géopolitique, il est professeur agrégé d’Histoire-Géographie et chercheur à l’Institut Français de Géopolitique (Université Paris VIII). Il est l’auteur de Géopolitique de l’Europe (Paris, PUF, 2020) et de Le Monde vu de Moscou. Géopolitique de la Russie et de l’Eurasie postsoviétique (Paris, PUF, 2020). Ses domaines de recherche incluent la « grande Méditerranée » et couvrent avec la Turquie, les enjeux touraniens et les dynamiques géopolitiques en Eurasie.

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