Elections en Turquie : des affrontements dans un bureau de vote à Amsterdam ; les accréditations de deux observateurs de l’OSCE refusées par Ankara – LE MONDE

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Les incidents ont eu lieu une semaine avant le jour des élections, présidentielle et législatives, qui s’annoncent les plus serrées pour Erdogan depuis son arrivée au pouvoir. Le Monde du 8 mai 2023.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, 69 ans, affronte le 14 mai l’élection la plus incertaine depuis son arrivée au pouvoir en 2002, confronté pour la première fois en vingt ans à une opposition unie dans un pays en crise. Face à lui, trois prétendants, mais un seul véritable adversaire, qui représente le défi électoral le plus difficile à relever pour Recep Tayyip Erdogan. Kemal Kiliçdaroglu, 74 ans, candidat d’une alliance de six partis d’opposition qui va de la droite nationaliste à la gauche démocrate, et qui est dominée par le CHP (social-démocrate) fondé par le père de la Turquie moderne, Mustafa Kemal Atatürk.

Une semaine avant le jour des élections, présidentielle et législatives, des affrontements ont eu lieu, dimanche 7 mai, dans un bureau de vote d’Amsterdam, installé pour les électeurs turco-néerlandais souhaitant voter d’une manière anticipée. Les médias néerlandais ont diffusé, lundi, des images montrant de nombreux policiers, dont certains en tenue antiémeute ou accompagnés de chiens, séparant les différentes parties. La bagarre avait éclaté peu avant la fermeture du bureau de vote du centre de conférence RAI – destiné à accueillir de grandes manifestations événementielles à Amsterdam –, après une altercation entre représentants de partis adverses, selon la télévision publique néerlandaise NOS.

Interrogée par l’Agence France-Presse, la police a répondu qu’une enquête avait été ouverte, sans faire plus de commentaire dans l’immédiat. Selon NOS, citant un responsable de manière anonyme, il s’agissait d’un « incident important ». Selon un témoin, « il y a eu des cris, de la panique et du chaos ». Le calme est revenu quelques heures plus tard. Les parties en conflit n’ont pas été désignées par les autorités. La communauté turco-néerlandaise des Pays-Bas s’élève à environ 400 000 personnes, en majorité des descendants de travailleurs ayant émigré en Europe entre les années 1960 et 1970.

Les accréditations de deux observateurs de l’OSCE refusées

L’assemblée parlementaire de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a par ailleurs dénoncé, lundi 8 mai, le refus d’accréditation par la Turquie de deux députés scandinaves, qui devaient venir observer l’élection présidentielle du 14 mai. Le Danois Soren Sondergaard (Alliance rouge-verte socialiste) et le Suédois Kadir Kasirga (social-démocrate) n’ont ainsi pas été autorisés par Ankara à faire le voyage.

« Nous sommes déçus par cette mesure qui pourrait avoir un impact négatif sur le travail de la mission d’observation internationale », a déclaré dans un communiqué l’assemblée, qui envoie plus de cent élus en plus des près de 400 représentants envoyés par l’instance elle-même. La Turquie n’a pas à « influencer la composition de la mission » en se basant sur « des déclarations faites » par des députés « dans le cadre de leur mandat politique », a-t-elle ajouté.

M. Sondergaard a déclaré avoir été accusé de « promouvoir une organisation terroriste ». Dans le passé, il avait rendu visite aux Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes et fer de lance de la lutte contre l’organisation Etat islamique en Syrie, avec le soutien des Etats-Unis. « Un pays ne peut pas choisir les parlementaires qui servent d’observateurs », a-t-il estimé. « Cela jette une ombre sur les élections turques, ils démontrent déjà qu’ils veulent les contrôler. » En 2018, Ankara avait déjà barré la route à deux parlementaires, un Allemand et un Suédois.

Le Monde du 8 mai 2023.

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